Une prime pour éviter la casse sociale ?
Pas question de céder, face aux frilosités des corps intermédiaires. Nicolas Sarkozy va obliger les groupes qui augmentent leurs dividendes à accorder une prime à leurs salariés. Au risque de créer une nouvelle usine à gaz.
« Mauvaise idée, mauvais signal », affirme Etienne Bernard, président des PME au sein du Medef pour qui « aucun compte n'a été tenu de la situation des entreprises alors que l'économie démarre tout juste ». Les patrons s'étranglent, les syndicats renâclent : paradoxalement, Nicolas Sarkozy ne pouvait rêver meilleur accueil à sa décision d'instaurer une prime, initialement de 1000 €, pour les salariés dont l'entreprise distribue des dividendes. Car cette décision politique marque son souci "d'améliorer le pouvoir d'achat", d'afficher son volontarisme, au-delà des frilosités habituelles des corps intermédiaires, et de répondre à l'agacement de tous ceux qui voient exploser les bénéfices des grands groupes et les dividendes versés à leurs actionnaires, sans que personne, à la base, n'en profite.
Reste à savoir qui va pouvoir toucher cette fameuse prime et comment. A l'issue d'ultimes arbitrages rendus mercredi soir à l'Elysée, on en sait un peu plus : un projet de loi sera présenté au Parlement avant la fin du mois de juillet, rendant cette prime obligatoire, chaque année et non de façon exceptionnelle, pour les entreprises de plus de 50 salariés "lorsque le montant des dividendes versés à leurs actionnaires est en augmentation". Cette prime, dont le montant n'est pas fixé, est en revanche facultative pour les entreprises de moins de 50 salariés : on en comptait 1,63 million en 2009, employant près de 5 millions de personnes.
La prime ne pourra naturellement pas bénéficier aux fonctionnaires, aux salariés des hôpitaux, à ceux du secteur coopératif ainsi qu'aux entreprises ne distribuant pas de dividendes ou en distribuant un qui soit égal ou inférieur à celui de l'année précédente. Dès lors, qui sera concerné ? « 8 millions de salariés dans 30.000 entreprises », a affirmé jeudi le ministre du travail, Xavier Bertrand, en ajoutant un adjectif, « potentiellement », qui réduit singulièrement la portée de son affirmation.
En 2009, l'INSEE comptait 33.439 entreprises de plus de 50 salariés dont seulement 506 employaient plus de 2.000 personnes. Seules 41 % d'entre elles versent des dividendes à leurs actionnaires et il est encore trop tôt pour savoir dans combien d'entre elles, celui-ci est en augmentation en 2011 (sur les résultats de 2010) par rapport à l'année précédente.
De nombreuses incertitudes demeurent. On ne sait pas, par exemple, quel sera le statut des filiales des grands groupes. Devra-t-on prendre en compte les dividendes versés à la maison mère ou bien ceux versés par celle-ci à ses actionnaires ? Total France perd de l'argent et ne distribue pas de dividende : ses salariés seront-ils privés de prime ? Le Conseil d'Etat validera-t-il les décisions prises pour fixer les dividendes, sans que soit connue l'obligation associée de verser une prime aux salariés ? Pour les salariés, il y a donc encore loin de la coupe aux lèvres. D'où leur scepticisme actuel.
« Les gens n’y croient pas vraiment »
Romain, salarié chez Renault... Même discours chez Alstom où aucune annonce « n’a été faite ni du côté des syndicats, ni de la direction ». Pour le moment, c’est le statu quo et chacun interprète comme il veut les informations. « J’en ai entendu parlé à la radio, raconte Pierre. Etant donné que nous avons augmenté nos dividendes et que nous sommes un grand groupe, nous aurons peut-être la chance de toucher cette prime. Mais reste à savoir le montant… ». C’est précisément ce qui intéresse Pierre et ses collègues. Car l’an dernier, les augmentations de salaires ont été quasi nulles et, cette année, elles sont restées très faibles. Alors, c’est sûr, le jeune homme l’assure : « Une prime de 1.000 €, on est tous d’accord. Mais, pour l’instant, on n’a rien de concret ». |
Quatre ans d'action : mai 2007 - mai 2011
Comme en 2009 et 2010, les services du chef de l'État diffusent un petit fascicule destiné aux "leaders d'opinion", pour vanter son action depuis le début de son quinquennat.
Le président, dont la cote se maintient sous le seuil de 30 % d'avis positifs dans les dernières enquêtes d'opinion publiées, demande à être jugé à la fin de son mandat et pas avant. « En quatre ans, tout n'a pas encore pu être entrepris, tout n'a pas été réussi, mais tout sera mis en oeuvre pour apporter aux Français les résultats promis et attendus" (...) "C'est pour cette raison que le chef de l'État entend demeurer au service des Français jusqu'à la dernière minute de son mandat. C'est alors, et alors seulement, qu'un bilan de son action, complet et juste, pourra être dressé ».
Le document invoque les difficultés liées à la crise financière et économique de 2008-2009, "la plus grave depuis la grande dépression des années 1930" et assure que Nicolas Sarkozy a "une seule obsession": "Protéger les Français dans un monde de plus en plus dur !!!!!!! "
Non, je vous assure il faut le lire pour le croire !
Pouvoir d'achat
Suivent une soixantaine de pages d'éléments de langage défendant point par point la politique économique, sociale et internationale du chef de l'État et surtout d'autosatisfaction.
Le petit despote, dont la volonté de briguer un second mandat ne fait guère de doute, assure vouloir poursuivre "pleinement" sa mission jusqu'au terme de son mandat, pour "restaurer" et "affermir" la confiance des Français. « Nos concitoyens exigent des résultats dans tous les domaines (...) mais plus particulièrement encore sur les priorités gouvernementales que sont l'emploi, le rétablissement de l'autorité et le pouvoir d'achat" (...) "Obtenir ces résultats pour les Français demeure l'unique objectif du président de la République, du Premier ministre et du gouvernement ».
Sources : LePoint.fr, France-Soir.fr