Bayrou a dealé avec Sarkozy pour 2012
Selon l'ancien porte-parole de l'UMP, Nicolas Sarkozy ne veut aucun autre candidat au centre que François Bayrou. Il affirme également qu'une procédure judiciaire est en cours entre le Parti radical et l'UMP.
Dans un entretien accordé aujourd'hui au JDD.fr (ci-dessous), l'ancien fidèle de Nicolas Sarkozy, tout juste éliminé de la présidence de l'Office français de l'Immigration et de l'Intégration, dénonce un accord entre le chef de l'Etat et François Bayrou pour la présidentielle.
"La stratégie présidentielle est simple : Nicolas Sarkozy ne veut aucun autre candidat au centre que François Bayrou, avec qui il a dealé" |
Dominique Paillé (ci-contre) revient sur son éviction de la présidence de l’Office français de l’Immigration et de l’Intégration, fonction qu’il occupait bénévolement depuis huit mois. Mais il dénonce aussi le deal qu’auraient, selon lui, conclu François Bayrou et Nicolas Sarkozy et révèle au JDD.fr que le Parti radical et l’UMP vont désormais régler leurs comptes devant la justice. Le parti de Jean-Louis Borloo veut récupérer les 1,2 million d’euros que l’UMP devait lui verser au titre de son contrat d’association. Un contrat que le parti majoritaire estime de son côté rompu depuis que les radicaux ont quitté l’UMP, le 14 mai dernier.
JDD : Quand et comment avez-vous appris votre éviction ?
Il y a une dizaine de jours, par un coup de fil de Claude Guéant. Il m’a dit qu’il avait été décidé de ne pas prolonger ma mission à la présidence de l’Office français de l’immigration et de l’intégration.
Il vous a expliqué pourquoi ?
Non, c’est une décision qui venait d’en haut.
Et vous, comment vous l’expliquez ?
C’est tout simplement parce que je soutiens Jean-Louis Borloo et que je me suis engagé auprès de lui dans sa campagne. Le président de la République est obnubilé par la candidature de Jean-Louis Borloo : il n’en veut à aucun prix. Or, il mesure que sa détermination ne faiblit pas. Il s’en prend donc à son entourage direct. La stratégie présidentielle est simple : Nicolas Sarkozy ne veut aucun autre candidat au centre que François Bayrou, avec qui il a dealé.
Comment pouvez-vous être certain qu’il y a un deal Sarkozy-Bayrou ?
Regardez, l’anti-sarkozysme de Bayrou s’est pour le moins atténué ! Il suffit de lire son dernier livre pour s’en rendre compte. En outre, selon mes informations, Nicolas Sarkozy a reçu au moins à deux reprises François Bayrou cet été. Je pense d’ailleurs que François Bayrou ne sera pas candidat.
Vous êtes bien le seul !
Il avait fait un score plus qu’honorable en 2007 mais il ne le réitéra pas en 2012. Je pense qu’il préfère avoir une stratégie, et il a raison, qui n’est pas suicidaire pour s’assurer un avenir en 2017, il n’aura alors que 64 ans ! Mieux vaut être le troisième homme de 2007 et zapper 2012 que le 6ème homme de 2012 et perdre tout son crédit. D’autant que pour une élection présidentielle, il faut des troupes et de l’argent. François Bayrou n’a rien de tout cela et ne fait rien non plus pour réactiver ses réseaux. Sa stratégie est claire, il veut intégrer une majorité dans laquelle il y a des gens qui, idéologiquement, sont assez proches, et recomposer autour de lui et avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, un pôle centriste au sein de la majorité, ce qui le mettra en position de compétition éventuelle pour 2017.
Les centristes à l’intérieur de l’UMP pourraient accepter son retour ?
Cet été, j’ai échangé avec Pierre Méhaignerie. Il m’a expliqué tout le bien que Nicolas Sarkozy lui avait dit de François Bayrou. Il m’a dit qu’il n’était pas sûr que Borloo doive être candidat. Pierre Méhaignerie, lui-même chef de file des centristes au sein de l’UMP, était à Angers avant l’été auprès de Bayrou : les ponts ne sont pas rompus.
Qu’en est-il réellement ? Jean-Louis Borloo est-il, comme l’affirme Jean Léonetti, poussé par son entourage ?
Nous avions mercredi un séminaire avec lui. Je vous assure que c’est plutôt lui qui tire son entourage. Nous avons été marqués par sa détermination, la pertinence de sa réflexion et l’intelligence de ses propositions.
Doit-il accélerer ?
Non, les Français ne sont pas dans le trip présidentiel. Jean-Louis Borloo publiera un ouvrage de réflexions, de propositions et d’orientation fin octobre. Nous approcherons à ce moment-là du moment de se mettre en rang pour la campagne présidentielle. La déclaration de candidature c’est un acte, mais le comportement de Jean-Louis Borloo montre bien qu’il sera candidat. Jean-Louis est parti et il est parti pour gagner.
Comment allez vous financer cette campagne, sans l’argent de l’UMP ?
Une action judiciaire est en cours d'élaboration pour obtenir les 1,2 million d’euros que l’UMP nous doit. Nous attendons que la justice tranche. Mais le parti radical a suffisamment de militants et les militants suffisamment de ressources pour assurer dans le cadre du financement légal, une bonne campagne à Jean-Louis Borloo.
Et vous, qu’allez vous faire ?
Je suis avocat, j’ai une profession. J’ai été nommé à la tête du conseil d’administration de l’Office français de l’Immgration et de l’Intégration sans l’avoir jamais demandé. J’ai d’ailleurs depuis ma nomination renoncé a toutes indemnités et j’engage mon successeur à faire de même en ces temps de crise. J’ai découvert à cette occasion l’ampleur de la tâche, avec un personnel dévoué, sous-considéré et qui est confronté régulièrement aux changements de législation et de réglementation. J’ai pris cette tâche à bras le corps. J’ai donc rempli de façon tout à fait loyale la fonction qui m’avait été confiée. Aujourd’hui, on me la retire, dont acte. J’appartiens au Parti radical depuis 1995, j’ai servi loyalement Nicolas Sarkozy, je ne le regrette pas. Je suis toujours dans la majorité et dans le cadre du parti radical, je poursuis mon action politique.
Propos recueillis par Soazig Quéméner pour le JDD.fr
François, si tu veux t'éviter une nouvelle humiliation... déconnectes-toi pour de bon !