La justice donne raison à la faucheuse !
Pour Monsanto la vengeance est un plat qui se mange froid ! Après avoir essuyé une cuisante défaite lundi dernier dans le jugement où l'ogre de l'agrochimie a été reconnu coupable d'intoxication au Lasso face à l'agriculteur Paul François, le Tribunal de Poitiers s'est prononcé aujourd'hui en faveur de la multinationale en condamnant en appel José Bové ainsi que 7 camarades faucheurs pour la dégradation d'un champ de maïs expérimental OGM Monsanto en 2008.
Encore un étrange revirement de situation car les "faucheurs volontaires" avaient été relaxés en première instance, l'an dernier. Ils devront verser près de 173.700 euros de dommages et intérêts à Monsanto ainsi qu'à l'agriculteur propriétaire des parcelles détruites, dans la Vienne, au titre des préjudices matériel et moral.
Les huit condamnés ont cinq jours pour se pourvoir en cassation.
Joint par téléphone, le député européen EE-LV José Bové, déjà condamné par le passé pour des fauchages volontaires, envisage très sérieusement la possibilité de continuer en justice : « Nous allons nous réunir demain par téléphone avec nos avocats et les sept autres faucheurs pour décider de la suite et de nos possibilités, mais ma première réaction, c'est que suite à cette condamnation, il faut aller en cassation, vu les très lourds dommages et intérêts qu'on nous demande de verser à Monsanto ».
Surprenante sollicitude de la cour d'appel
Une double injustice selon José Bové, qui ne pensait « pas que Monsanto bénéficierait d'une telle sollicitude de la part de la cour d'appel [...] Trois mois après le fauchage, en 2008, et deux ans après que nous l'ayons saisi, le Conseil d'Etat a jugé cette culture expérimentale illégale. On nous reproche donc d'avoir fauché une culture interdite par la suite. Deuxièment, il s'agissait d'un mélange expérimental entre du Roundup, le désherbant, et du MON810, un maïs génétiquement modifié... lui aussi interdit ! ».
Toutefois José Bové se console avec à la victoire obtenue lundi dernier par Paul François même si le géant américain à fait appel de la décision : « On a enfin reconnu que Monsanto intoxiquait les gens, et ne disait pas la vérité sur ses produits ! »
Réaction d'Eva Joly
La réaction d'Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle, ne s'est pas fait attendre, elle a tenu à réagir : « Je dénonce ce jugement qui est clairement en faveur de Monsanto. A 15 jours de la décision sur la clause de sauvegarde, on sent la volonté hypocrite du gouvernement à faire avancer le dossier OGM avant le départ de Nicolas Sarközy. La connivence du politique et du judiciaire dans cette affaire n’entraînera que la confiscation d’une alimentation saine pour tous les Français. Les procès faisant de Monsanto l’entreprise reine des scandales sanitaires sont pléthores et il y a deux jours, l’entreprise était une nouvelle fois reconnue responsable de l’empoisonnement d’un agriculteur français.
L’action de José Bové et des militants qui l’ont accompagné, c’est la seule opposition politique qui fasse exister le débat sur le plan médiatique. La désobéissance civile qu’ils incarnent devrait être saluée. Aujourd’hui, ils sont condamnés à payer une exorbitante somme d’amendes et d’indemnités. C’est une véritable honte. 130 000 euros, ce n’est rien comparé au bénéfices de Monsanto, c’est énorme pour des citoyens. C’est un chantage financier contre la démocratie. A leurs côtés, je milite pour l’interdiction pure et simple de toute culture d’OGM en France, et plus largement en Europe ».
Sources : EvaJoly2012.fr, FranceSoir.fr, LePoint.fr