La Grande-Bretagne nage en pleine dystopie lorsque David Cameron décide d'imposer son "No I.P. Land". Acculé (oui, il y a bien un "A") par les médias suite à sa mauvaise gestion des émeutes qui découlent de sa politique totalitaire et des casseroles, que dis-je, des énormes gamelles qu'il traîne avec lui dans le scandale des écoutes de ses généreux bienfaiteurs Rupert et James Murdoch, le premier ministre britanique le plus décrié depuis Margaret Thatcher envisage de bloquer l'accès aux réseaux sociaux.
Selon lui :
« La libre circulation de l'info peut être utilisée pour le mal » « Nous travaillons avec la police, les services de renseignement, les industriels pour voir s'il est possible d'empêcher les gens de communiquer via ces sites et services internet lorsqu'on sait qu'ils planifient des actes criminels. » |
La Chine applaudit des deux mains
Profitant de l'aubaine, Pékin y voit une légitimité pour sa censure implacable : « David Cameron a enfin compris ! ».
Le très officiel et nationaliste Global Times écrit dans son article intitulé "Riots lead to rethink of Internet freedom" :
« La proposition de Cameron de bloquer les réseaux sociaux détruit le concept de liberté d'expression de l'Occident qui a toujours présenté une supériorité morale en critiquant les développements hésitants de la liberté sur Internet dans les pays en développement […] Concernant la Chine, les défenseurs d'un développement sans limites d'Internet devraient réfléchir à deux fois à leurs idées. Sur Internet, il ne manque pas de posts et d'articles incitant à la violence. Ils ne manqueraient pas de créer des dégâts immenses s'ils étaient autorisés à être diffusés sans contrôle. Dans ce cas, tous les gouvernements n'ont pas d'autre choix que de fermer les sites qui les diffusent et d'arrêter les agitateurs. » |
Le Net, "plus grande saloperie" inventée par les hommes ?
Toutefois la réaction de David Cameron n'est certes pas isolée, en France, à chaque controverse mettant en jeu Internet, les médias sociaux et les nouvelles technologies en général, il y a une tendance à les rendre responsables de tous les maux de la société. Telle l'attitude du publicitaire Jacques Séguéla comme le démontre cet extrait de l'émission "On n'est pas couché" d'octobre 2009" :
... C'est Dieu vivant ! Parce que le net permet à tous
les hommes de communiquer avec les autres hommes !
Quelle chienlit ce Web tout de même !
La tentation de réguler, de surveiller le Web au-delà des législations existantes (Internet est soumis aux mêmes lois que le monde réel, sur la diffamation, l'incitation à la violence, le racisme…) est présente dans tous les pays, dès lors que les dirigeants politiques ont le sentiment de perdre le contrôle. En France, Hadopi et la loi Loppsi ont ouvert la voie d'une surveillance du Web, et font des émules à l'étranger.
Difficile, quand le premier ministre britannique évoque la possibilité de "perturber les services internet" , de ne pas immédiatement penser à l'Egypte de Hosni Moubarak qui a coupé Internet pendant quatre jours entiers, une mesure sans précédent, pour tenter d'étouffer la révolte populaire qui a fini par l'emporter.
Plusieurs autres pays arabes, ainsi que l'Inde, ont fait pression sur BlackBerry pour obtenir sa coopération avec les services de sécurité en leur fournissant les clés de son système de cryptage.
C'est ce cryptage qui provoque aujourd'hui la sortie de Cameron, même s'il met dans le même sac l'ensemble des services internet.
En attendant, Internet sert de bouc émissaire à une violence que nul n'avait vue venir dans l'establishment britannique, avec toutes les menaces de restriction des libertés que cela induit.
La Grande Muraille électronique
Le Yakexi symbole de la censure chinoise |
Une chose est certaine, le pouvoir Chinois se réjouit des propos tenus par le premier ministre britannique. La Chine a adopté, le 29 avril 2010, un amendement à la loi sur les secrets d’État, qui impose aux entreprises du secteur d’Internet et des télécommunications de collaborer avec les autorités sur les questions liées à la sécurité nationale. Les sociétés du Net doivent désormais bloquer la transmission de secrets d’État, définis de manière très vague, conserver les données de connexions et alerter les autorités compétentes. Elles peuvent être contraintes de supprimer certains contenus.
Fang Binxing, le concepteur de la Grande Muraille électronique, qui est aussi président de l’université des Postes et Télécommunications de Pékin, a défendu sa création début 2011, déclarant au journal Global Times que la censure répondait à un besoin “urgent”.
Le régime utilise parfois l’excuse de la pornographie et de la lutte contre la “diffusion de fausses informations” pour justifier le filtrage (un "Hadopi chinois" ?).
Les principaux sites d’informations, tout comme les médias chinois, reçoivent régulièrement des directives orales et écrites du département de la Propagande rebaptisé auhourd'hui département de la Publicité, qui précisent les sujets à couvrir ou non. Les directives de janvier 2011 imposaient par exemple le silence sur les problèmes sociaux et économiques, notamment la hausse des prix, les manifestations antigouvernementales ou le marché de l’immobilier, afin de "rassurer" le peuple et de défendre l’idée de croissance juste.
Source : rue89.com (en partie)