"Le départ de Sarközy de la présidence française
et l'arrivée de François Hollande faciliteront
l'application de la justice"
(Maître Zahia Mokhtari)
Conformément à ce qu'elle l'avait annoncé début avril, Maître Zahia Mokhtari, l'avocate mandatée par la famille de Mohamed Merah a affirmé hier, lundi 7 mai, qu'elle allait déposer officiellement la plainte contre le RAID. L'avocate à ajouté qu'elle était « prête à voyager en France jeudi ou samedi pour entamer la procédure de dépôt de plainte contre le RAID lundi prochain ». Elle a révélé que sa consœur française Maître Isabelle Coutant-Peyre va l'assister dans les procédures de dépôt de plainte en raison de sa connaissance des procédures de la justice française. « Le départ de Sarközy de la présidence française et l'arrivée de François Hollande faciliteront l'application de la justice [...] Hollande a toujours dit qu'il veillerait à l'application de la justice et à aplanir les désaccords en suspens entre l'Algérie et la France » a affirmé Maître Mokhtari.
L'avocate avait déclaré le mois dernier : « Merah a été manipulé et utilisé par les services français et a ensuite été liquidé pour que la vérité ne voie pas le jour » et qu'elle détenait des preuves de "la liquidation" du tueur de Toulouse. Chargée par le père de Mohamed Merah de poursuivre le RAID pour assassinat, elle avait évoqué deux vidéos identiques de vingt minutes chacune, probablement filmées par Merah lui-même, qui prouveraient qu'il a été "liquidé" par l'unité de police. Maître Mokhtari avait ausi indiqué qu'elle remettrait à la justice française "une première liste de trois noms, ceux d'un responsable des services français et de deux autres personnes de nationalités différentes qui 'travaillaient' avec Mohamed Merah pour qu'elles soient entendues dans cette affaire". Le ministère de l'intérieur n'avait pas souhaité commenter ces informations et la demande d'audition des chefs du renseignement français, notamment Bernard Squarcini, par la commission pour le contrôle de l'application des lois du Sénat avait été refusé par le gouvernement Sarközy.
Parallèlement à la plainte déposée par la famille de Mohamed Merah, Albert Chennouf, le père d'une des victimes de ces attentats meurtriers a déposé plainte lui aussi mais contre Nicolas Sarközy et Bernard Squarcini pour non-assistance à personne en danger estimant qu'ils pouvaient empêcher la mort de son fils. "Le Nouvel Observateur" s'est entretenu avec Albert Chennouf peu de temps avant son dépôt de plainte.
Sept semaines après la mort de votre fils Abel, où en êtes-vous ?
- Au même plan que le premier jour : abasourdis par ce qui nous arrive et totalement livrés à nous-mêmes. Nous nous sentons oubliés de tous. Personne, ni à l’Elysée, ni au ministère de la Défense, ni à celui de l’Intérieur, n’a pris le temps de nous écrire ou de nous passer un coup de fil. On nous a juste fait signer un dossier d’aide juridique et versé une somme dérisoire en regard de la catastrophe qui nous touche. Je suis convoqué bientôt chez la juge d’instruction à Paris et personne n’est même capable de me dire qui prend en charge les frais de déplacement ! Nous sommes un couple modeste et nous nous sentons abandonnés.
Que savez-vous de l’enquête ?
- Nous n’avons eu aucun retour par la justice. Tout ce que nous savons, c’est dans la presse que nous l’apprenons. Et nous nous posons fatalement des questions. Je n’ai pas fait l’ENA ni Sciences-Po mais je ne suis pas bête. Je pense que lorsqu’on va au Pakistan en faisant un crochet par Israël, ce ne peut être qu’avec la bénédiction des services français. L’hypothèse qu’on a éliminé Merah pour qu’il ne parle pas me paraît de plus en plus plausible. Je ne dis pas que les policiers du Raid ont mal fait leur travail. Mais la volonté politique était qu’il meure. Je souhaite d’ailleurs porter plainte contre Nicolas Sarközy et Bernard Squarcini pour non-assistance à personne en danger. Je les tiens pour responsables de la mort de mon fils.
Qu’espérez-vous ?
- Je lance un appel solennel au président de la République : j’aimerais qu’il nous reçoive, mon épouse et moi-même, pour entendre notre désarroi. Nous voulons être certains qu’on n’étouffera pas cette affaire.
Sources : LeMonde.fr, TempsReel.NouvelObs.com