Le nouveau ministre de la Défense se voit reprocher une prise illégale d'intérêts : le sénateur de la Meuse avait été rémunéré en 2009 par GDF Suez pour une mission de conseil alors même qu'il traitait des sujets liés à l'énergie au sein d'un groupe parlementaire.
Le nouveau ministre de la Défense, ancien sénateur de la Meuse, se voit reprocher une prise illégale d'intérêts : l'ancien sénateur de la Meuse, qui a reconnu avoir été payé pendant quinze mois par GDF Suez pour une mission de conseil alors même qu'il traitait des dossiers liés à l’énergie au Sénat. Jean-Marie Kuhn reproche à Gérard Longuet ces deux emplois, qui, juge-t-il, constitue une situation de prise illégale d’intérêt.
Une plainte contre X pour prise illégale d'intérêts, recel, blanchiment, escroquerie, abus de confiance et abus de biens sociaux a été déposée dans la journée, auprès du procureur de la République de Paris par Jean-Marie Kuhn, actionnaire minoritaire de GDF Suez. Cette plainte vise Albert Frère, premier actionnaire privé du groupe énergétique et.... Gérard Longuet, nouveau ministre de la Défense.
L'auteur de la plainte reproche à ce dernier l'exercice d'une mission pour GDF Suez alors qu'il était sénateur, membre du groupe d'études de l'énergie. Une double casquette qui, selon Jean-Marie Kuhn, a placé Gérard Longuet dans une situation de prise illégale d'intérêt.
«Pendant ces quinze mois (en tant que conseiller de GDF Suez) M. Longuet, au Sénat, va défendre les positions favorables à ce groupe, notamment en vue de l'adoption de la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l'électricité)» est-il écrit dans la plainte. L'attaque de Jean-Marie Kuhn vise l'activité de lobbying exercée par Gérard Longuet durant la période préparatoire de la future loi NOME - que révélait dès juillet dernier le site Mediapart. Celle-ci a été discutée au Parlement et votée l'an dernier.
Quant à Albert Frère, l'auteur de la plainte lui reproche d'avoir fait attribuer ce contrat à Gérard Longuet.
Cette nouvelle procédure de Jean-Marie Kuhn, menée par l'avocat William Bourdon, s'inscrit dans le long conflit qui l'oppose au groupe d'origine belge au sujet, notamment, des conditions de la vente par Albert Frère à la fin de 2006, de la chaîne de restauration Quick à la Caisse des dépôts et consignations.
La plainte contre X visant Gérard Longuet, ministre de la Défense, et Albert Frère, premier actionnaire privé de GDF-Suez, est-elle politique? Alors que la campagne présidentielle est déjà lancée, la question est sur toutes les lèvres.
L'auteur de la plainte, Jean-Marie Kuhn, actionnaire minoritaire deGDF Suez, reproche au ministre l'exercice d'une mission pour GDF-Suez alors qu'il était sénateur et membre du groupe d'études de l'énergie. Ce contrat, liant Gérard Longuet à GDF-Suez, n'est pourtant pas nouveau: son existence avait déjà été révélée en juillet dernier par Médiapart. Alors pourquoi porter plainte "seulement" maintenant, quelques jours seulement après le retour de Longuet au gouvernement ?
"Monsieur Albert Frère, sachant la gravité des faits, a fait déposer, en ce 3 mars, une OPA [offre publique d'achat] par sa société Fingen sur la Compagnie nationale à portefeuille (CNP) qu'il contrôle déjà à plus de 70%. Cette annonce a interpellé les analystes et observateurs qui y voient une manoeuvre pour tenter d'échapper à certaines poursuites car la privatisation de la CNP empêchera les plaintes de petits porteurs et libèrera la CNP des contrôles des autorités boursières", détaille Jean-Marie Kuhn - également actionnaire de la CNP - dans un communiqué dont LEXPRESS.fr a eu la primeur.
En clair, c'est l'annonce de l'OPA qui aurait décidé Jean-Marie Kuhn à porter plainte contre Gérard Longuet et Albert Frère et non un calcul politique visant à affaiblir le camp Sarkozy. En rachetant, via une de ses entreprises, les 30% restants de la CNP, estime le plaignant, Albert Frère met un terme à la cotation en bourse de la Compagnie et évince ainsi les actionnaires minoritaires...
Cette plainte contre le ministre et le premier actionnaire privé du groupe énergétique s'inscrit, rappelle le communiqué, "dans un contexte global de corruption". Jean-Marie Kuhn a déposé en 2009 une plainte en Belgique pour faux, usage de faux, escroquerie et abus de confiance, visant la cession d'actifs réalisée par le groupe Albert Frère à la Caisse des Dépôts et des Consignations.
|
La caisse des dépôts et consignation (CDC), bras financier de l'Etat, étudie la possibilité d'une vente de Quick qu'elle détient dans son portefeuille à travers des fonds communs de placements à risques. La banque Rothschild a été mandatée pour réfléchir à trois options possibles: une cession pure et simple des actifs à un industriel, une introduction en Bourse ou un refinancement de la dette via le high yield. Les actifs de Quick acquis en 2006 par la filiale capital investissement de la CDC - désormais rebaptisée Qualium - au milliardaire belge Albert Frère, "ont très bien performé", a commenté Jean Eichenlaub, le patron de Qualium. La vente, en 2006, de la chaîne de restauration Quick par à la CDC avait fait à l'époque l'objet d'allégations de surévaluation. L'homme d'affaires français, Jean-Marie Kuhn, a déposé deux plaintes l'une auprès de la justice belge et l'autre auprès de la justice française, "classée sans suite". La thèse de M. Kuhn est que la filiale de la CDC aurait sur ordre de l'Etat français payé trop cher Quick, versant 800 millions d'euros à M. Frère pour une entreprise évaluée en 2004 à quelque 300 millions d'euros. Qualium investissement est une filiale de la CDC qui a pour objectif d'investir dans des sociétés valorisées entre 40 et 250 millions d'euros, des PME souvent familiales qui cherchent des nouveaux actionnaires ou des financements nécessaires à des acquisitions. |
Sources : l'express.fr, 20minutes.fr