... Un gars qui a 50 ans, on peut le détruire complètement pour deux gâteaux. Grâce au directeur, mes enfants vont être un peu plus privés pour Noël. Je vais être obligé de vendre ma maison ! |
Joël Mayeux, 49 ans, chauffeur de nuit à la base logistique d'Intermarché de Bressols a été licencié pour faute grave. Son tort : avoir mangé deux biscuits destinés pourtant "à la casse".
Tout a commencé il y a trois semaines. Cette nuit-là, Joël est rentré à Bressols après avoir livré les marchandises à Lavernose et Cazères, dans la Haute-Garonne. Il était alors quatre heures et le chauffeur terminait sa nuit de travail. Son responsable lui offre un café et le dénoncera à la direction pour vol. « Je me sentais un peu fatigué. J'ai simplement voulu grignoter deux biscuits de la casse. Chez nous, la casse est un conteneur où l'on entrepose des marchandises abîmées, destinées au reconditionnement, à la Banque alimentaire ou à la destruction. Je ne pensais que ça allait avoir toutes ces conséquences. J'ai été traité comme un voleur. Après trente ans d'ancienneté, ça fait mal au ventre ».
Joël Mayeux : « Ce n'est pas moi le voleur ! »
La CGT de la base logistique Intermarché qui emploie 250 salariés, a bien tenté de réagir pour demander la réintégration de leur collègue licencié "pour faute grave", le 24 novembre sans préavis ni indemnité. Vendredi dernier, dès 5 heures, les salariés ont bloqué le site de Bressols, en ne laissant sortir aucun camion de la base. « Même si la faute est avérée, comment pouvons-nous accepter une telle décision ? »
Les négociations avec la direction ont alors duré une grande partie de la matinée. A 11 heures, un accord a été signé par les deux parties. Pierre Fernandez, délégué de la CGT a accompagné Joël dans les discussions. Les deux hommes sont donc revenus vers les grévistes pour annoncer le résultat : « On aurait aimé qu'il soit réintégré. La direction n'a pas voulu revenir en arrière. En revanche, on a négocié une indemnité pour un mec qu'elle souhaitait faire partir de l'entreprise pour zéro. C'est une victoire. On a voulu montrer à la direction que nous étions capables de nous mobiliser pour défendre les copains. On ne va pas vous laisser crever de faim. Vous pouvez être fiers de votre combat ».
Une victoire au goût amer pour Joël Mayeux et une semi-défaite pour la direction de la base logistique qui est finalement parvenue à licencier un salarié qui possédait 30 ans d'ancienneté pour seulement 20 000 euros, évitant ainsi une longue procédure devant les tribunaux des Prud'hommes qui était perdue d'avance. Nous ignorons encore quelle récompense aura obtenu le responsable qui a dénoncé Joël Mayeux, mais je constate que dans un pays où il devient de plus en plus difficile de garder un emploi, certaines ordures sont prêtes au pire pour se faire mousser auprès de leur direction.
La mésaventure de Joël Mayeux me rappelle celle que "P.B." avait vécu au sein de la même enseigne de distribution.
Après avoir démissionné de son poste pour un rapprochement familial, "P.B." avait quitté le groupe Carrefour pour un poste d'agent de maîtrise (responsable "produits secs") dans un Intermarché de l'Hérault. Après avoir effectué sa période d'essai avec succès, "P.B." qui donnait entière satisfaction à sa direction est tombé dans un piège machiavélique.
Alors qu'il s'éxécutait à sa tâche, le chef de magasin avec lequel "P.B." avait bien sympathisé, est venu le trouver pour lui demander de lui prêter son véhicule. Confiant "P.B." lui confia son trousseau de clés et il reprit son travail.
En fin de journée "P.B." fût convoqué par le PDG du supermarché en présence du "chef de magasin". Il était accusé formellement de vol par la direction de l'établissement.
Afin de prouver sa bonne foi après ces accusations, "P.B." accepta sans hésiter d'ouvrir son casier personnel ainsi que le coffre de sa voiture... remplit de bouteilles de champagne et autres spiritueux.
Le deal fût très simple. Soit "P.B." démissionnait sur-le-champ de son poste sans aucune indémnités, soit la direction téléphonait immédiatement à la gendarmerie pour faire constater le vol. Le piège parfait !
Le tort de "P.B" ? Avoir obtenu un salaire aligné sur celui de Carrefour à la signature de son CDI, donc très supérieur à ce qui se pratique pour un poste équivalent au sein d'Intermarché.
Les tribunaux des Prud'hommes sont encombrés par les plaintes qui dénoncent ces méthodes de gangsters très courantes dans le circuit de la grande distribution, dès lors qu'ils ne vous poussent pas à la dépression voire jusqu'au suicide.
Sources : RTL, FranceTV Info