Le matraquage médiatique de l'affaire Karachi, qui nous apporte chaque jours son lot de révélations, est-il instrumentalisé ?
C'est ce que la garde prétorienne de la Sarkozie tente de nous faire croire en hurlant au complot à sept mois de l'échéance présidentielle.
Ce qui n'est pas sans nous rappeler un vieux truc de la CIA, experte en désinformation, qui consiste à masquer la vérité en lançant une multitude d'informations (spams) afin d'alimenter toutes sortes de théories complotistes visant à faire passer le gouvernement pour la victime.
Alors, cette affaire Karachi est-elle une mine anti-Sarközy déposée par la gauche française ou bien la cigüe que certaines éminences grises de la droite conservatrice ont l'intention de faire boire jusqu'à la lie à notre très coûteux monarque ?
C'est ce que nous allons tenter de décrypter au travers de cette enquête qui s'étend sur plusieurs volets, tout de suite après cet écran publicitaire.
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Éloignons-nous un peu de tout ce matraquage médiatique et concentrons-nous sur le travail des journalistes d'investigation, spécialistes des enquêtes politico-financières, qui sont à l'origine de ce retournement de situation, les commandos d'Edwy Plenel, à savoir les journalistes Fabrice Arfi, Fabrice Lhomme et Karl Laske.
Je vous propose de visionner l'interview de deux de ces journalistes de l'impossible, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, afin de comprendre rapidement les tenants du plus gros scandale politico-financier qu'ait jamais connu notre République.
La réponse pourrait bien être contenue dans les explications d'Edwy Plenel...
Et quand la réalité en vient à dépasser la fable...
Maintenant que le décors est planté, il serait intéressant de laisser la parole à l'un des gardes prétoriens, Henri Guaino, conseiller spécial du monarque, lancé dans une mission suicide ; affronter Edwy Plenel lors de l'émission Mots Croisés diffusée sur France 2 au lendemain de la défaite des sénatoriales.
Extrait...
Vous pouvez retrouver l'intégralité de cette émission ici.
Cette entrée en matière du conseiller spécial nous permet d'aborder le sujet délicat de la désinformation et des manipulations complotistes aussitôt déjouées par le site Mediapart qui a publié plusieurs documents sur son site où apparaît plusieurs fois le nom d'un certain Nicolas Sarközy (voir plus bas) !
Le marchand d'armes, Ziad Takieddine, inconnu des non-initiés il y a à peine quelques semaines, sort de l'obscurité dans laquelle il se réfugiait et se livre à un bel exercice de désinformation au cours de l'interview accordé à Ruth Elkrief...
Avant d'entammer l'analyse de cette interview, sachez que Ruth Elkrief a été élevée au rang de chevalier de la Légion d'honneur en juin 2008, donc sous la gouvernance de Nicolas Sarközy, au cas où vous l'ignoriez.
Alors qu'apprenons-nous dans cette interview supposée être une nouvelle bombe de l'affaire Karachi ?
En fait de révélations nous assistons plutôt à un véritable plaidoyer en faveur de Nicolas Sarközy et à charge contre Dominique De Villepin et les chiraquiens.
Monsieur Takieddine évoque les contrats de vente de sous-marins Agosta et de frégates Sawari II. Il ne fait que confirmer ce que Mediapart et Le Monde nous ont déjà révélé depuis plus d'un an.
« Je dis au président de la République, je lui suggère : Arrêtez tout de suite, puisque vous êtes garant de la Constitution, levez le secret défense sur tous les contrats et notamment sur Agosta, et notamment sur Sawari II ». Élégante formule qui consiste à écarter l'idée même de la lévée d'imunité du président de la "Ripoublique".
Ziad Takieddine a déclaré : « Guéant m'a accompagné dans toutes les démarches que j'ai faites, toutes ! ». Il a par ailleurs aussi affirmé : « Je n'ai jamais eu besoin de quiconque pour être présenté à Monsieur Guéant, c'est eux qui ont fait appel à moi pas l'inverse ». Quelle révélation ! Nous venons d'apprendre que Claude Guéant serait le bouclier humain du monarque.
Puis plus prudent quant à ses entrevues avec l'actuel locataire de l'Élysée, Ziad Takieddine déclare : « J'ai vu Sarkozy deux fois, la première pour traduire une conversation en Arabie Saoudite, la deuxième avec Philippe Séguin ». C'est quand même plus pratique que de s'offrir les services d'un traducteur officiel de l'Élysée, surtout en prériode de crise.
Voici enfin la clé de cette interview : « On salit quelqu'un de propre au lieu de gens sales car quelques gens sales entourent le Président ». Ziad Takieddine, fournisseur officiel des armes françaises destinées à l'étranger (Arabie Saoudite, Pakistan, Libye, Syrie...), ne serait en fait que le Monsieur Propre de l'Élysée. Voilà qui tend à démontrer que le chef de l'État n'est qu'une victime dans cette affaire (cette bonne vieille technique de la CIA).
Cependant entre deux plaidoiries monsieur Takieddine n'hésite à formuler sournoisement quelques menaces : « Sarkozy a intérêt à me recevoir, d'ailleurs que je le vois avec Guaino car il m'a plus l'autre jour face à Plenel [...] Franchement, il lui appartient de faire ça tout de suite, dans les 24 heures. C'est digne, il est digne, il le fera ». On se demande bien quel intérêt pourrait avoir un président au-dessus de tous soupçons à recevoir un trafiquant d'armes mis en examen pour complicité et recel d'abus de biens sociaux par le juge Renaud Van Ruymbeke.
L'heure de la vengeance a sonné lorsque Ziad Takieddine s'en prend directement à Dominique De Villepin mais aussi à Jacques Chirac qui avait ordonné l'arrêt du versement des rétro-commissions : « Où est parti l'argent supposé qui a été arrêté ? Je sais que cet argent n'a pas été arrêté [...] Cet argent a été transféré à une destination autre, celle que je connais et que je réserverai et au président de la République, et à la justice, c'est tout. Celui qui les a arrêtés va pouvoir répondre, va devoir répondre. Je parle de Monsieur de Villepin ! ».
Comme nous l'a rappelé Edwy Plenel, il s'agit là de détourner notre attention du sujet principal : la corruption qui sévit au cœur de notre État .
Bien loin d'apporter des preuves concrètes à la "présomption d'innocence" du chef de l'État, Ziad Takieddine nous fait plutôt l'impression de réciter le communiqué officiel dicté par l'Élysée en vue de disculper le monarque bien empêtré dans ce qui sera peut-être la fin de son courronnement.
«Je vous mets au défi d'établir un lien ou d'apporter la preuve d'un lien entre M. Sarkozy et M. Takieddine»...
Conformément à la demande d'Henri Guaino et au restant de la garde prétorienne qui clame haut et fort que le nom de Nicolas Sarközy n'est pas cité dans le dossier de l'affaire Karachi, le site Mediapart relève le défi en publiant les preuves (notes de Ziad Takieddine, rapport de police, document de la DCN...) qui démontrent ce "lien" que l'Elysée voudrait oublier et, surtout, faire oublier, tant l'enquête du juge Van Ruymbeke sur le marchand d'armes Ziad Takieddine devient dangereuse pour la présidence de la République.
Le juge Renaud Van Ruymbeke a mis la main sur un document extrêmement compromettant et qui a été publié en exclusivité sur le site de Mediapart :
Ce document montre que le gouvernement français, dont le ministre de la défense était François Léotard et celui du budget Nicolas Sarközy, avait réclamé à la partie saoudienne le versement d'un acompte de dix millions de francs au plus tard le 31 mars 1995, soit moins d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle.
Mais il y a encore plus embarrassant... Le juge Van Ruymbeke a également obtenu un autre document, sur lequel figure une mention qui laisse apparaître que le versement des dix millions suspects aurait été effectué non pas avant le 31 mars 1995, comme indiqué sur l'échéancier, mais le 26 avril 1995.
Or, c'est précisément ce jour-là que le compte bancaire de l'association de financement de la campagne d'Edouard Balladur, l'Aficeb, a été crédité, sans le moindre élément justificatif, d'un versement en espèces et en grosses coupures de 10.050.000 francs. Les dates identiques et la similitude des montants, à quelques milliers d'euros près, ne peuvent aujourd'hui que susciter de très lourdes interrogations.
Pour expliquer l'arrivée massive d'espèces sur ses comptes de campagne, l'ancien premier ministre avait invoqué devant une mission d'information parlementaire la vente de t-shirts et de pin's lors de meetings ! Une explication que les enquêteurs ont de plus en plus de mal à avaler.
Les deux Nicolas (Bazire et Sarközy) en campagne pour Édouard Balladur (1995)
Cependant l'enquête du juge Van Ruymbeke ne se fait pas dans la plus grande facilité. Plusieurs policiers de la Division nationale des investigations financières (DNIF) dépêchés par lui, le 12 janvier 2011, au ministère du budget pour procéder à la saisie de documents confidentiels, ont découvert une fois arrivés dans les locaux de la Direction générale des finances publiques que 784 feuillets liés aux commissions suspectes du contrat Sawari II étaient classés «secret défense» ou «confidentiel défense».
Le ministre du budget à l'époque de la signature du contrat était un certain Nicolas Sarközy. Le gouvernement n'a pas autorisé la déclassification de ces documents, malgré la requête du juge. |
Un rapport de la police luxembourgeoise daté du 19 janvier 2010, publié pour la première fois en intégralité par Mediapart, présente Nicolas Sarközy comme étant celui qui, avec Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet d'Edouard Balladur, a validé la création de la société offshore Heine, boîte noire des secrets inavouables de Ziad Takieddine.
En dépit des dénégations de l'Elysée, le lien est donc fait. Les deux commissaires de police luxembourgeois, signataires du rapport, écrivent notamment : « Un document (...) fait état de l'historique et du fonctionnement des sociétés Heine et Eurolux (société jumelle de Heine). Selon ce document, les accords sur la création des sociétés semblaient venir directement de Monsieur le Premier ministre Balladur et de Monsieur le ministre des Finances Nicolas Sarkozy. »
Ces mêmes commissaires de police qui rajoutent : « En 1995, des références font croire à une forme de rétrocommission pour payer des campagnes politiques en France. Nous soulignons qu'Edouard Balladur était candidat à l'élection présidentielle en 1995 face à Jacques Chirac et était soutenu par une partie du RPR dont M. Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua » et concluent : « Une partie des fonds qui sont passés par le Luxembourg reviennent en France pour le financement de campagnes politiques françaises ».
Parmi les documents sur lesquels s'appuient les enquêteurs du Grand Duché se trouve une note chronologique, découverte en 2007 par des policiers français au siège de la DCN lors d'une perquisition. La même note, qui sera retrouvée deux ans plus tard au siège de Heine par la police luxembourgeoise, fait partie d'une liasse documents issus des archives de Heine.
Cette note, présentée sous une forme chronologique, expose les différentes grandes étapes de l'existence de Heine, dont le dirigeant, Jean-Marie Boivin, n'hésitera d'ailleurs pas à faire "chanter" l'Elysée de Sarközy, en 2007, estimant n'avoir pas été assez indemnisé pour ses "services rendus" (qui sera développé dans notre prochain volet).
Une autre note de travail du 29 octobre 2003 en dit long sur les rapports Sarkozy/Takieddine. Dans ce document siglé "confidentiel et personnel" et qui se présente comme un compte-rendu de visite en Arabie saoudite, M. Takieddine parle, à plusieurs reprises, de Nicolas Sarközy comme du... "patron". Jacques Chirac, alors président de la République, est présenté comme "le numéro 1". Le marchand d'armes s'alarme déjà des dissensions au sein de la droite, entre sarkozystes et chiraquiens.
« Il y a eu beaucoup d'interrogations sur les relations du "patron" avec le numéro 1, et son système. Mes interlocuteurs ne souhaitent en aucune façon intervenir dans cette "bagarre" franco-française, et solliciteront des garanties personnelles de la part du "patron" lui-même » note Takieddine. Qui parle aussi d'un mystérieux " sujet sensible", de ses "honoraires" et d'une "banque d'affaires du P.".
Une note du 3 novembre 2003 évoque la préparation d'une "visite du ministre" en Arabie saoudite. Autre preuve d'un lien Sarkozy/Takieddine.
Ziad Takieddine insiste dans ce précieux document sur la nécessité d'une "visite préparatoire", qu'il présente comme "inhabituelle". « Elle doit revêtir un caractère secret. Ni le Cabinet, ni le Conseiller diplomatique ne doivent être au courant, pour cause évidente de fuites... », observe l'homme d'affaires et « Pour cette raison, il sera préférable que B. (vraisemblablement Brice Hortefeux) se déplace seul, et que le déplacement s'effectue "sans fanfare" : avion de Ligne de Genève ou Zurich. Dans l'intérêt d'une signature sans "interférences", il est indispensable que tout le monde soit pris par surprise par cette signature. L'autre avantage : plus d'aise pour évoquer l'autre sujet important, de la manière la plus directe... ».
Dix jours plus tard, le 13 novembre 2003, le marchand d'armes commet une nouvelle note. Il s'agit ni plus ni moins, cette fois ci, que d'apporter une "correction de la lettre du ministre Sarközy". « Il indispensable que cette lettre indique très clairement l'accord du gouvernement français (du ministre) pour donner à l'accord industriel un caractère de contrat d'État à État », enjoint notamment Ziad Takieddine.
Dans une nouvelle note du 25 janvier 2004, Ziad Takieddine se fait le petit rapporteur des messages à "transmettre à Monsieur Nicolas Sarkozy" de la part du ministre de l'intérieur saoudien, le prince Nayef Ben Abdel Aziz.
Le dignitaire saoudien flatte Nicolas Sarközy « le prince mesure parfaitement le rôle que vous jouerez dans l'avenir de ce pays » et propose que « ZT » (Ziad Takieddine) soit l'entremetteur des deux pays pour la signature du contrat Miksa.
Sarközy, Kadhafi et Claude Guéant jamais très loin...
A peine "chassés" des terres saoudiennes par le clan Chirac, Nicolas Sarközy et ses plus proches collaborateurs se tournent vers un nouvel eldorado commercial et pas n'importe lequel : la Libye du dictateur Kadhafi.
De septembre à décembre 2005, Ziad Takieddine devient l'organisateur en chef, pour la France, des visites à Tripoli de Claude Guéant, Nicolas Sarközy et de Brice Hortefeux, alors ministre délégué... aux collectivités territoriales.
Les échanges entre MM. Guéant, alors directeur de cabinet du ministre Sarközy, et Takieddine sont tout ce qu'il y a de plus formels, comme l'atteste ce document officiel à ent-tête du ministère de l'intérieur, transmis par le secrétariat particulier (SP) de M. Guéant :
Le 6 septembre 2005, Ziad Takieddine envoie une première note "confidentielle" à Claude Guéant dont l'objet est la "visite du ministre le 6 octobre 2005". Comme il l'avait fait avec l'Arabie saoudite, Ziad Takieddine explique que la visite de Monsieur Sarközy devra être précédée d'une "visite préparatoire du directeur de cabinet" qui "revêt une extrême importance".
L'objectif de cette visite préparatoire est, d'après le marchand d'armes, la « formulation du message et thème de la grande visite ». Ziad Takieddine poursuit, laissant peu de place au doute quant à la nature réelle de la démarche : « Le "contenu", ainsi formulé, prendra en compte les sensibilités du pays, créant ainsi un "partenariat" qui permettra la réalisation de l'objectif commercial. » Comprendre les contrats et leurs lots de commissions.
Le rapprochement de Nicolas Sarközy avec le dictateur Kadhafi, avant que celui-ci ne devienne l'homme à abattre de la France, a permis à Ziad Takieddine de faire de juteuses affaires en Libye, comme le laissait entre le fils du dictateur libyen.
Ainsi, en 2007, quand Nicolas Sarközy est encore ministre de l'intérieur, le marchand d'armes devient l'intermédiaire d'un important marché de livraison de matériel de guerre électronique vendu par la société i2e (filiale du groupe Bull) à la Libye. Sur une première étape du contrat, destinée à crypter les communications du régime et à contrer la surveillance des services secrets occidentaux, 4,5 millions d'euros de commissions ont été versées à M. Takieddine. D'autres suivront...
Dans la note de présentation de son programme Cryptwall, vendu aux Libyens par Takieddine, la société i2e implique Nicolas Sarközy : "Le ministre de l'intérieur français dispose d'une réelle connaissance corroborée par une collaboration avec la société spécialisée dans ce domaine" peut-on notamment lire dans ce document :
Omniprésent dans les relations franco-libyennes, Ziad Takieddine a aussi été, à l'été 2007, l'un des acteurs centraux de la libération des infirmières bulgares, qui se dénoua en échange de nouvelles perspectives commerciales pour la France, contrairement à ce que l'Elysée a toujours affirmé, comme Mediapart l'avait déjà révélé.
Au plus fort des négociations entre le régime Kadhafi et la France, les preuves du lien Sarkozy/Takieddine ne manquent pas. Parmi-celles ci : un fax à en-tête de la présidence de la République, envoyé par son secrétaire général Claude Guéant, exécutant des diligences du chef de l'Etat. Un numéro figure sur le document : il s'agit du fax de Ziad Takieddine dans sa villa du Cap d'Antibes.
L'homme de confiance de Nicolas Sarközy demande rien de moins au marchand d'armes que d'amender une lettre qu'il a l'intention d'envoyer, au nom de la France, aux autorités libyennes...
Ziad Takieddine s'y connaît en dictatures. Ainsi, entre 2007 et 2009, le marchand d'armes a été l'homme-orchestre du rapprochement entre la France et la Syrie et l'introducteur du président français auprès du chef de l'État syrien, Bachar el-Assad .
Le point culminant de ce travail de l'ombre aura été la visite, en juillet 2008, de Bachar el-Assad à Paris, suivie de celle, en septembre de la même année, de Nicolas Sarközy à Damas. Ziad Takieddine a été le principal organisateur de ces déplacements, qui avaient provoqué la polémique.
Une fois encore, les preuves du lien Sarkozy/Takieddine ne font pas défaut. Dans une note du 1er janvier 2008, qui se présente comme le compte-rendu d'un déplacement à Damas, Ziad Takieddine apparaît comme l'émissaire de la France auprès des Syriens au sujet de l'épineuse situation politique libanaise, et non l'inverse comme l'a pourtant affirmé Henri Guaino sur le plateau de Mots Croisés.
Ziad Takieddine parle au nom du président français : « Le Président Sarkozy souhaite qu'il n'y ait aucune ambiguïté. Il veut absolument faire élire un Président de la République au Liban. Il souhaite élire un Président consensuel choisi par les Libanais. Il souhaite aussi que ce Président de la République puisse être un homme d'envergure et un homme qui n'a pas d'animosité avec la Syrie, qui sera approuvé par les Syriens et leurs alliés ».
« Ceci est la position de la France » affirme, péremptoire, Ziad Takieddine, soudainement devenu l'ambassadeur secret de l'Elysée.
A l'heure de la lune de miel entre la France et la Syrie, Ziad Takieddine devient la plaque tournante des relations ente les deux pays. Il rédige ainsi, le 30 mai 2008, une note "confidentielle" faisant état du contenu d'une conversation téléphonique entre Nicolas Sarközy et le dictateur Bachar el-Assad. Conversation à laquelle le marchand d'armes a, de toute évidence, assisté personnellement ou dont il a été informé du contenu.
La note du 30 mai commence ainsi : "Le Président Sarkozy, par égard pour la Syrie et le rôle qu'elle a tenu dans le dénouement de la crise libanaise, a souhaité confirmer son estime pour la Syrie et donner à sa visite à Damas un caractère exclusif et officiel, en la dissociant de sa visite éclair prévue au Liban".
Il est alors évoqué l'organisation d'une visite du président français en Syrie à la suite d'une venue de Bachar el-Assad en France. "Le Président Sarkozy a tenu, également, à l'occasion de l'appel téléphonique au Président Assad, confirmer à ce dernier son invitation au Sommet des Pays de la Méditerranée, fixé le 13 juillet prochain à Paris, et le convier, à ses côtés, au défilé du 14 Juillet".
Voila suffisament d'éléments concrets qui devraient satisfaire à la demande d'Henri Guaino au risque de lui déplaire comme à l'ensemble des membres de la garde rapprochée de Nicolas Sarközy. Je concluerais là ce premier volet, sur une affaire qui, elle, n'est pas prête d'arriver à sa conclusion.
Dans notre prochain volet nous verrons comment remonter encore plus loin et plus haut dans ce qui gangrène notre pays : LA CORRUPTION DE NOTRE RIPOUBLIQUE !
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Sources : Mediapart, BFMtv, France 2
Illustrations : ma pomme !