Les opposants à Mouammar Kadhafi ont pris le contrôle de la ville de Zouara, à 120 km à l'ouest de Tripoli, ont dit jeudi des travailleurs égyptiens fuyant la Libye. Ces Egyptiens rencontrés à la frontière tunisienne travaillaient à Zouara. Ils affirment qu'il n'y a plus aucun policier ou militaire et que des "comités populaires" armés contrôlent la ville. Zouara, située au bord de la mer Méditerranée, est la ville la plus importante à l'ouest de la capitale libyenne. Les journalistes étrangers (désormais considérés comme hors-la-loi) qui ont réussi à entrer dans le pays confirment que plusieurs villes de l'Est, notamment Benghazi et Tobrouk, en Cyrénaïque, sont désormais sous le contrôle des opposants.
Le Comité du peuple pour la sécurité, organisme du gouvernement libyen, a appelé jeudi les opposants à rendre leurs armes et promis de récompenser tout renseignement sur les dirigeants du mouvement de protestation. "Celui qui rend son arme et se repent sera exempté de poursuites judiciaires. Le comité appelle les citoyens à collaborer et à l'informer sur ceux qui ont mené la jeunesse ou l'ont corrompue avec de l'argent, du matériel ou des excitants et des pilules hallucinogènes", dit l'institution dans un communiqué, promettant "une forte récompense". Le communiqué a été lu par un officier à la télévision libyenne.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a promis de "faire tout son possible pour aider" les insurgés estimant que leur combat est "le combat de tout musulman qui aime Allah et son messager", a indiqué jeudi le centre américain de surveillance de sites islamistes (SITE). L'Aqmi accuse Kadhafi d'avoir recours à des mercenaires africains pour mater les opposants et d'avoir demandé à des avions de tirer sur les opposants, rapporte le groupe de veille des sites internet utilisés par des mouvements islamistes.
Selon le gouvernement libyen, la répression a fait environ 300 morts. Mais l'Italie évoque pour sa part le chiffre de 1.000 victimes. La FIDH (Fédération internationale des droits de l'homme) parle de 600 morts.
Au sein même du régime libyen, les défections se poursuivent avec le ralliement du ministre de l'Intérieur, Abdel Fatah Younes, et le départ du ministre de la Justice, Moustapha Abdel Jalil. De nombreux diplomates libyens en poste à l'étranger ont déjà fait défection.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a fait part de sa "très profonde inquiétude" et demandé une action internationale. "Il est impératif que la communauté internationale maintienne son unité et agisse de concert pour assurer une transition rapide et pacifique", a-t-il indiqué.
De nombreux pays continuent d'évacuer, par air et par mer, souvent dans des conditions difficiles, les dizaines de milliers de ressortissants étrangers travaillant en Libye ou y séjournant pour faire du tourisme. Tout ceci crée une situation chaotique à l'aéroport de Tripoli, où des passagers se battent pour monter dans les avions. L'Union européenne a ainsi annoncé qu'il restait 10.000 de ses ressortissants en Libye et qu'elle mobilisait des moyens pour être en mesure de les évacuer rapidement. Les pays asiatiques sont aussi très concernés puisque selon les chiffres officiels, 60.000 Bangladeshis, 30.000 Philippins, 30.000 Chinois, 23.000 Thaïlandais et 18.000 Indiens sont enregistrés en Libye, principalement comme modestes ouvriers contractuels.
Plus de 5.700 Tunisiens résidant en Libye ont fui le pays par la route pour se réfugier en Tunisie via la frontière Ouest depuis lundi et mardi. Les Libyens sont de plus en plus nombreux également à faire le même trajet, ce qui laisse craindre un exode massif et une crise humanitaire. A la frontière Est, côté égyptien, ce sont les Egyptiens -plusieurs milliers- qui fuient la Libye via le poste de Salloum. Un million et demi d'Egyptiens vivent dans le pays.
Selon le HCR, de nombreux réfugiés africains (originaires principalement du Tchad, du Soudan, d'Erythrée et de la Somalie) sont pris pour cibles par les opposants à Mouammar Kadhafi. Ils sont en effet considérés comme des mercenaires. Le président libyen aurait en effet engagé de nombreux mercenaires africains pour attaquer les contestataires. Des rumeurs font aussi état de mercenaires européens en provenance des Balkans.
L'armateur français CMA-CGM a annoncé que l'ensemble des ports et terminaux du pays étaient paralysés. Cela signifie le blocage de toutes les exportations d'hydrocarbures extraits en Libye .
Source : TF1News.fr