Demain, dimanche 22 avril, il sera interdit de divulguer les résultats de l'élection avant 20h, malgré leur publication sur certains sites étrangers, au risque de voir le scrutin remis en cause. Plus qu'un avertissement ceci est une menace !
Alors que les incontournables Facebook et Twitter ont pour interdiction de communiquer les résultats de l'élection, même partiels, sous peine de poursuites pénales, certains sites francophones, notamment belges et suisses, vont consacrer leurs émissions spéciales à divulguer les résultats dès 18h30, ce qui constitue en clair à insulter notre système démocratique, d'où une crainte des autorités que "la sincérité du scrutin soit altérée". Un candidat mal placé pourrait ainsi déposer plainte, voire saisir le Conseil constitutionnel pour réclamer l'annulation de l'élection, en particulier si les résultats s'avéraient serrés.
Le code électoral est pourtant bien clair sur ce point :
"Aucun résultat d'élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public par la voie de la presse ou par tout moyen de communication [...] électronique avant la fermeture du dernier bureau de vote", sous peine d'une amende de 3.750 euros. La loi de juillet 1977 renchérit : "ceux qui auront publié ou diffusé un sondage [sur les résultats de l'élection] seront punis [...] d'une amende de 75.000 euros". |
Cela ne semble pourtant pas choquer le président-candidat qui en a profité lors de l'une de ses toutes dernières allocutions au micro de Bruce Toussaint (Europe 1) pour se moquer une fois de plus de lois de notre pays : « Non franchement, ça ne me choque pas [...] Le monde est devenu un village [...] Ne recréons pas une ligne Maginot ! ».
Jusqu'au dernier jour de campagne, Sarközy, fervent défenseur de la répression numérique qui est aussi celui qui a promulgué les lois Hadopi et Loppsi, n'aura pas hésité à pousser l'hypocrisie jusqu'à son paroxisme.
« On ne va quand même pas faire une frontière numérique entre la France et tous les autres pays du monde pour interdire les autres de communiquer avec la France ».
Selon Europe 1 qui a contacté l'équipe de campagne, celle-ci indique que Sarközy serait prêt à changer les règles. « Il faut penser à une évolution législative en la matière pour prendre en compte l'émergence des nouveaux médias ». « Tous les partis politiques pourraient se réunir pour en parler ». D'ailleurs, au ministère de l'Intérieur, on souligne que la loi actuelle est "de plus en plus difficile à appliquer", notamment avec l'émergence des réseaux sociaux.
Le président-candidat ne serait pas contre une publication officielle des résultats, dès 18h30, selon son équipe de campagne.
La Commission des sondages, jointe elle aussi par Europe1.fr, "ne souhaite pas réagir à une déclaration d'un candidat", mais en coulisses, une voix finit par confier : « les bras m'en tombent » .
Alors quel est cet intérêt soudain pour une reconnaissance des réseaux sociaux, sachant le peu de considération que Sarköky affiche envers les nouvelles technologies et leur utilisateurs ?
Dans notre jargon nous appelons ça "balancer un pavé dans la marre" ! Le président-candidat est-il déjà au courant du résultat du scrutin de demain soir ? Aurait-il accès à des sondages confidentiels nous divulgués à la presse ? Se sait-il déjà perdant au point de saborder les élections ?
Car n'oublions que cette loi est valable pour tous sur notre territoire est aussi contournable par tous. Qui peux m'empêcher de croire qu'au vu d'un score en deça de ses espérances le président-candidat ne donnera pas le signal à l'une de ses équipes de spammers professionnels pour inonder la toile des résultats censés ne pas être communiqués avant 20 heures ?
L'avocate Maître Sabine Lipovetsky, spécialisée en nouvelles technologies, reconnait elle-même : « Il faudra toutefois prouver le véritable effet des messages postés, ce qui sera compliqué... Mais c'est possible ». Possible, mais compliqué... Possible, serait-ce donc juste une "éventualité" ?
La ficelle est tellement grosse que les journalistes n'ont même pas pris la peine de relever ce qui d'un avertissement pourrait bien être une menace envers notre démocratie. Il est vrai que Sarközy a fait preuve d'un respect sans faille envers la démocratie durant ces cinq années passées et même avant...
"N'importe quel internaute pourrait être poursuivi pour un message publié sur Facebook ou sur Twitter, considérés comme des espaces publics de diffusion", explique Me Sabine Lipovetsky, avocate spécialisée en nouvelles technologies. Qu'importe les subterfuges en remplaçant le nom des candidats par des pseudonymes, si les postulants à l'Elysée sont identifiables, l'internaute pourra être attaqué. Quid aussi du "retweet" (RT) qui consiste à faire suivre le message d'un autre sur Twitter ? "Dans ce relais, il y a clairement un élément intentionnel et donc l'internaute qui 'RT' un message pourrait être poursuivi au titre de la complicité", pointe l'avocate. Même topo pour les sites d'informations (blogs y compris) qui renverraient via des liens hypertextes vers des sites étrangers. |
Source : Europe1.fr