Le peuple basque, la tête près du béret, s'inquiète à raison pour la suite du processus de paix engagé depuis un an. Pendant ce temps, le franco-espagnol qui usurpe le ministère de l'Intérieur campe sur ses positions et n'en fini plus d'essayer de nous faire avaler des couleuvres, en se réfugiant derrière le prétexte du tant constesté MAE qui n'aurait jamais dû s'appliquer à Aurore Martin. « La loi a été appliquée, un juge espagnol avait délivré un mandat d'arrêt européen, la justice a appliqué ce mandat d'arrêt et je n'ai pas eu à intervenir » s'évertue-t-il à mattraquer sur les ondes d'Europe1 ce matin.
L'article 695-22 du Code de procédure pénal prévoit plusieurs conditions dans lesquelles un Etat peut ne pas donner suite à un MAE. Il peut ainsi être refusé "s'il est établi que ledit mandat d'arrêt a été émis dans le but de poursuivre ou de condamner une personne en raison de son sexe, de sa race, de sa religion, de son origine ethnique, de sa nationalité, de sa langue, de ses opinions politiques ou de son orientation sexuelle". |
Merci à Marko pour ce rappel essentiel sur la législation du MAE.
Note à l'attention des allergiques à Manuelito : NE CLIQUEZ PAS SUR SES CASTAGNETTES !
Réactions immédiates des citoyens basques et des élus
Max Brisson (UMP) : « Sa réaction, froide et technocratique, me laisse sceptique quant à sa connaissance des réalités du Pays basque. Je déplore la manière dont le ministre de l'intérieur donne des leçons à des élus qui travaillent depuis les années 1990 à faire avancer la question basque. Qu'il sache qu'il n'a pas le monopole de l'esprit républicain. »
Jean-René Etchegaray (MoDem) : « A qui peut-on faire croire qu'une telle décision a été prise sans que le gouvernement n'en sache rien ? En droit français, le parquet dépend du pouvoir, il prend ses ordres du pouvoir politique. Je suis juriste et j'affirme aussi que le pouvoir politique, en opportunité, a la possibilité de ne pas donner suite au MAE. Aurore Martin est la victime expiatoire d'un accord diplomatique entre la France et l'Espagne. Je vois beaucoup de cynisme dans cette affaire. »
Jean-Jacques Lasserre (Conseil des élus du Pays basque) : « M. Valls la joue Ponce Pilate. Ce sont ses hommes qui ont procédé à l'arrestation et une telle ignorance des faits m'étonne. Il a raison de dire que la lutte contre le terrorisme a permis le processus de paix, mais il commet une grave erreur en bafouant les acteurs du Pays basque qui le font avancer. Parmi eux, il y a des élus envers lesquels il se montre d'une grande prétention. »
Colette Capdevielle (PS) : « Je suis avocate et cette affaire pose la question du MAE. Il facilite les procédures, par rapport à l'extradition. Avec l'extradition, l'État qui exécute doit vérifier la double incrimination. Il n'est pas tenu de livrer un ressortissant pour des faits qui ne sont pas punis sur son sol. Avec le MAE et le chiffon rouge du terrorisme, le même État n'a pas à faire ce contrôle. Autrement dit, Aurore Martin n'aurait pas été remise à l'Espagne dans le cadre d'une extradition. »
Olivier Dartigolles (PC) : « Les explications de M. Valls me semblent embarrassées et peu assurées, en tout cas peu convaincantes. On l'a connu plus assuré pour défendre sa politique. J'y vois un malaise face à un mensonge d'État. »
Jean-François Lefort (Batasuna) : « S'il affirme ne pas être à l'origine de l'arrestation, M. Valls assume complètement ce qui s'est passé. Il remet même en cause l'existence d'un conflit politique au Pays basque. Son attitude va à l'encontre de l'engagement pour la paix de la société basque. »
Peio Etcheverry-Aintchart (Abertzaleen Batasuna) : « Le ministre a la réaction d'un enfant pris les doigts dans le pot de confiture. Personne ne croit à une arrestation fortuite. Le MAE est à revoir, on a besoin d'un code de justice européen, une harmonie de la justice entre les États. Sans cela le MAE n'a pas de sens. Peut-être la justice est-elle passée, mais la diplomatie doit aussi passer maintenant. La France doit demander à l'Espagne la libération d'Aurore Martin. »
Martine Bisauta (UMP) : « Manuel Valls a passé un deal avec son homologue espagnol lors de son dernier voyage à Madrid et il leur a "vendu" l'arrestation et la remise d'Aurore Martin. »
Jakes Bortayrou (Batasuna) : « le gouvernement de Jean-Marc Ayraut est aux ordres de la droite espagnole au pouvoir à Madrid. »
En conclusion, mêmes les élus rompus à toutes les formes de mensonges ne croient pas une seule seconde aux propos du ministre de l'Intérieur.
Manifestations en cascades depuis vendredi 2 novembre
Suite aux premières manifestations qui se sont déroulées dès vendredi dernier à Bayonne, le mouvement de soutien à Aurore Martin s'amplifie et de nouveaux rassemblements contestataires mais pacifistes grondent un peu partout. Une nouvelle fois à Bayonne à la mi-journée puis à Pau à 18 heures, les marches pour la libération de la militante basque se poursuivent.
Une vingtaine d'élus basques français de diverses tendances politiques, soutenus par environ 600 manifestants, tous encadrés par un impressionnant cordon de CRS, ont remis lundi en sous-préfecture de Bayonne une lettre adressée à François Hollande, réclamant la "libération immédiate" de la militante basque Aurore Martin. « Nous sommes consternés" par l'arrestation » a déclaré la députée PS Colette Capdevielle, en faisant lecture à la presse de la lettre adressée au président de la République. « Nous demandons la libération immédiate d'Aurore martin, les faits visés par son mandat d'arrêt sont légaux en France ».
« L'exécution du MAE est une décision de la justice. La décision a été appliquée sous l'autorité du parquet général de Pau. Ce n'est pas du ressort du ministre de l'Intérieur que je suis. Je n'ai pris ici aucune décision [...] Aurore Martin a été arrêtée lors d'un contrôle routier habituel en cette période de vacances . Je démens tout autre version des faits. » |
Manuel Carlos Valls se défend de n'avoir pris aucune décision mais co-signataire d’une déclaration vendredi dernier avec son homologue espagnol Jorge Fernandez Diaz il se félicite pourtant de l'arrestation d'Aurore Martin, ce que confirme Madrid dans son communiqué : "Cette arrestation a été réalisée dans le cadre communautaire de la coopération judiciaire de l'Union européenne" avant de souligner "le magnifique niveau de mise au point entre la France et l'Espagne".
Dans un communiqué adressé par les proches d'Aurore, ceux-ci dénoncent les mensonges du ministre de l'Intérieur.
Communiqué de presse de la famille et amis d’Aurore Martin concernant les circonstances de son arrestation. martinfamilia.eh@gmail.com. Lors de vos témoignages et de façon à pouvoir les utiliser nous vous demandons de laisser vos coordonnées (nom, prénom, adresse postale et numéro de téléphone).
Pays Basque le 4 novembre 2012 |
Comme l'a déjà dénoncé Marko Trément concernant les irrégularités du Mandat d'Arrêt Européen, vous trouverez ci-dessous le texte officiel du Tribunal d'Exception de Madrid (en Castillan) portant sur les chefs d'accusation à l'encontre d'Aurore Martin.