C'est un drame inhumain qui s'est déroulé vendredi soir à Germigny-l’Evêque (Seine-et-Marne), une petite commune située à 10 km du fief de Jean-François Copé. Aucun argument ne permettra d'excuser ce geste assassin que je refuse de comprendre et encore moins d'admettre. La vie est trop souvent cruelle lorsque je pense à tous ces couples qui rencontrent des difficultés pour obtenir l'adoption de l'enfant qu'ils souhaitent chérir plus que tout et les autres, ceux qui ne méritent pas d'avoir la chance de donner la vie. L'ENFANT, le fruit de l'amour d'un couple est lui aussi rejeté au simple rang d'un produit de consommation. Même les animaux ne se comportent pas de la sorte.
Une chevelure d’ange blond et une bouille à croquer... Bastien, 3 ans, est décédé après avoir été placé nu dans le lave-linge par son père. Christophe Champenois a voulu "punir" son fils d’une bêtise commise à l’école.
Serait-ce d’avoir jeté dans les toilettes jeudi le dessin d’une camarade de classe qui lui a valu ce châtiment ?
Le père, âgé de 33 ans, met en route la machine à laver. Quand Charlène, la mère, récupère le petit dans ses bras, il est gelé. Elle court chez Alice, sa voisine et amie, racontant que Bastien est tombé dans l’escalier. « Je l’ai pris dans mes bras comme une poupée désarticulée, dit Alice, j’ai senti le dernier battement de son cœur. Charlène ne bougeait pas, elle était toute rouge, pétrifiée, elle ne comprenait pas qu’il était mort ».
Maud, la sœur de Bastien âgée de 5 ans, vient dire la vérité à Fidélio, le mari d’Alice. « Elle m’a dit que Bastien ne s’était pas réveillé en sortant de la machine. Quand Christophe a su que Maud avait parlé, il a voulu la frapper, je me suis interposé. La fillette a confié que ce n’était pas la première fois que son père mettait le petit dans la machine. Il enfermait parfois son fils deux heures dans le placard pour le punir. »
Fidélio dit désemparé : « Quand Bastien était bébé, il le mettait enveloppé dans une couverture sur le rebord de la fenêtre. Quand je voyais ça, je criais. » Dans l’appartement d’Alice et Fidélio, les parents et la sœur de Charlène sont présents, anéantis.
Vendredi matin, jour du drame, les parents ont appelé la puéricultrice et l'assistante sociale afin de savoir comment il fallait ajuster leur comportement éducatif vis-à-vis de Bastien qui avait fait une bêtise à l'école. « La puéricultrice a proposé un rendez-vous le jour même, qui a été repoussé à la semaine suivante à la demande des parents qui ne le jugeaient pas urgent », a-t-elle poursuivi.
En juillet dernier, « la voisine de la famille avait appelé le 119, Allô Enfance Maltraitée, expliquant que Bastien était sur le toit de l'immeuble après être passé par le Velux de son appartement », a ajouté la responsable. Ce père de famille, violent envers sa femme, qui ne souhaitait pas avoir ce deuxième enfant, était reconnu comme travailleur handicapé et ne travaillait pas. La mère, âgée de 25 ans, bénéficiaire du RSA était à la recherche d'un emploit.
« Bastien n’était pas un enfant désiré, témoigne Evelyne, la mère de Charlène. Jusqu’à son accouchement, ma fille m’assurait qu’elle n’était pas enceinte. Le jour de la naissance, quand j’ai appelé Christophe, il buvait avec des copains et m’a dit qu’il ne voulait pas de cet enfant. Bastien était un souffre-douleur. Ma fille a sept frères et sœurs, elle était gentille, une mère poule ».
Mais Charlène, 25 ans, courbait l’échine, soumise à un mari sans travail. Elle ne se plaignait pas, mais marchait avec la même et unique paire de chaussures depuis quatre ans, acceptait la coupe ratée faite par un copain de Christophe soi-disant coiffeur. « Je sais qu’elle était battue, mais ne disait rien, rapporte sa soeur Christelle. Vendredi, elle avait des marques sur le visage, elle m’a dit qu’elle s’est pris une clé à mollette en dévissant un boulon, je lui ai répondu que la clé n’a pas cinq doigts. »
« Elle était adorable, je lui confiais mes enfants, je considérais les siens comme les miens » raconte Alice, qui assure que des éducatrices sont passées chez Charlène et Christophe, sans donner de suite.
Le père de famille a été mis en examen pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans, selon une source judiciaire. La mère, elle, a été mise en examen pour non-empêchement de commission d’un crime et non-assistance à personne en danger. Tous deux ont été écroués dimanche soir à Meaux.
Le meurtrier conteste les faits, ajoute cette même source, et argue que l'enfant est "tombé dans l'escalier" ! Des déclarations recueillies le mettent cependant en cause et les constatations médico-légales sont "compatibles avec le fait que l'enfant ait été mis dans la machine à laver" du domicile familial.
A l'école de la Pinède, à Germigny-l'Evêque, une cellule d'écoute psychologique a été mise en place par l'Inspection de l'Education nationale pour accueillir les enfants, mais aussi les parents et les enseignants. Un médecin scolaire et deux psychologues sont restés toute la journée dans l'établissement. Un mot affiché à l'entrée de l'école incite par ailleurs les parents qui le désirent à prendre rendez-vous à partir de mardi.
Les cours ont toutefois repris normalement lundi matin dans toutes les classes, selon le reporter du Parisien.fr qui s'est rendu sur place. Les professeurs, qui se sont réunis samedi, le lendemain du drame, ont en effet décidé unanimement d'assurer l'encadrement des élèves. Des professeurs remplaçants étaient malgré tout prévus en cas de difficultés pour un ou des enseignants. « Ils sont sous le choc », a expliqué Suzanne Sicard, inspectrice de l'Education nationale présente lundi sur place.
« Cette famille, en grande difficulté sociale, psychologique, était suivie depuis 2006 par les services sociaux par rapport aux difficultés de vie qu'elle pouvait rencontrer, à ses conditions de logement insalubre », a expliqué lundi Christine Boubet, directrice générale adjointe chargée de la solidarité au conseil général de Seine-et-Marne.