La vengeance est un plat
qui se mange froid
Ça y est, enfin, ces Jeux qui n'ont plus rien d'olympiques s'achèvent sur une victoire des experts que les arbitres n'auront pas réussi à nous voler malgré quelques tentatives audacieuses de leur part.
Que retenir de ces jeux où l'or n'est plus celui que l'on croit ?
Les jeux de Pékin avaient été largement entâchés par de nombreuses irrégularités qui avaient déjà bien entammé la crédibilité de ce rendez-vous sportif. Nous aurions pu espérer qu'avec un retour de cet événement en Europe il en aurait été autrement et que le Sport aurait retrouvé ses lettres de noblesse. Erreur fatale.
Je passerais sur les nombreuses irrégularités relevées dans les épreuves de vitesse par équipes (cyclisme sur piste), de la finale du deux de couple poids légers masculin (aviron), des victoires plus que suspectes en cyclisme sur route, faute de preuve (voir Appelons un chat un chat) pour m'attarder sur une discipline dominée historiquement par la triche et les magouilles : la boxe.
Dans le milieu amateur, le "noble art" était encore un peu épargné jusqu'à présent par la corruption mais depuis la professionnalisation des athlètes aux Jeux Olympiques, cette discipline est tombée dans les mêmes escarcelles du milieu "professionnel".
Voilà l'image que je retiendrais de ces jeux honteux où les réclamations sont systèmatiquement rejetées dès lors qu'elles émanent des déléguations françaises.
Pour meilleure preuve les combats des deux français Alexis Vastine et Nordine Oubaali mais aussi celui du japonnais Satoshi Shimizu donné perdant à l'issu du combat face à son adversaire azerbaïdjanais Magomed Abdulhamidov, tombé cinq fois, à la limite du KO.
Fin de la troisième reprise opposant le Français Alexis Vastine à l’Ukrainien Taras Shelestyuk, convaincu lui-même de sa défaite au terme du combat.
« Je n’ai pas de mots. C’est une honte. Sur le dernier round, il ne me touche pas ». En larmes, criant des « pourquoi ? » d’incompréhension avant de passer furtivement en zone mixte Vastine voit l’histoire se répéter, quatre ans après avoir été battu en demi-finales par le futur champion olympique, le Dominicain Felix Diaz, au terme d’une décision d'arbitrage plus que contestable.
L’interview d'Alexis Vastine après le rapt de sa victoire
A souligner la réaction très sportive malgré la déception, du boxeur Lensois Nordine Oubaali après la décision des juges qui l'ont déclaré perdant face à l'Irlandais Michael Colan, soutenu par une salle totalement acquise à sa cause : « Les jugent en ont décidé ainsi. Je n’ai pas le recul nécessaire pour savoir si je méritais de gagner. J’ai fait mon combat. J’espère qu’en revoyant ce combat, je serai d’accord avec cette décision ».
Que dire du japonais Satoshi Shimizu face à l’azerbaïdjanais Magomed Abdulhamidov, tombé cinq fois, à la limite du KO, et qui remporte son combat. Le japonais connaîtra un sort plus favorable que les français suite à son appel de la décision arbitrale (à combien se chiffrait le montant de sa réclamation ?).
Arnaud Romera, journaliste à FranceTV a déclaré avoir échangé des mots avec un membre du comité international de boxe rapportant que les pays qui mettaient la main à la poche étaient récompensés. Sur les 10 boxeurs britanniques, 9 ont atteint les quarts de finale.
Jean-Claude Bouttier, ancien boxeur professionnel, 64 victoires sur 72 combats, dont 43 par KO, champion d'Europe des poids moyens en 1971 et 1974 et vice-champion du Monde, une référence du noble art nous fait part de ses impressions : « L’aventure est terminée pour les boxeurs français aux JO. C’est regrettable, d’autant qu’on a fini avec deux combats qui répètent l’injustice qu’avait vécue Jérémy Beccu en 16e de finale. L’impression que j’ai eue, et je ne suis pas le seul, c’est que l’Irlandais Michael Conlan aurait dû perdre face à Nordine Oubaali, tout comme l’Ukrainien Taras Shelestyuk dans le combat qui l’opposait à Alexis Vastine. Je suis très déçu pour ma discipline, pas seulement parce que je suis très "cocorico". Je ne comprends vraiment pas pourquoi le troisième round, où il faut admettre que les Français étaient moins bons, a autant d’influence dans la décision des juges. Vastine et Oubaali étaient en avance dans les deux premiers rounds. Mais les résultats ne représentent pas l’ensemble du combat. Dans le premier round, Oubaali dominait largement Conlan. Les juges ont noté 5 partout alors que le combat n’était pas égal : son adversaire n’avait pas la même précision, ni la même activité, la même vitesse d’exécution ou encore la même agressivité. Pareil dans le deuxième round, 7 partout. Alors qu’il dominait toujours, même si moins largement que dans le premier round. Et il n’aurait pas dû perdre de 4 points dans le dernier round, même si la réaction de survie de son adversaire lui a fait perdre son avance. Idem pour Vastine : je ne comprends pas l’égalité des points alors que son adversaire n’a pas fait grand-chose sur le ring, ni pourquoi les juges ont donné son adversaire gagnant. Pas étonnant que les boxeurs aient posé une réclamation. C’était bien de le faire, pour la presse, pour le public, pour eux aussi, de dire qu’ils n’étaient pas d’accord avec les juges. Mais leurs réclamations ont, comme souvent, été rejetées. Et pour eux ils arrêtent les JO à la porte des médailles malgré leur bonne préparation et leur bon combat. Je ne vais pas me mettre en colère, ça ne sert plus à rien. Ce qu’il faut se dire, c’est que malgré les machines le jugement de cette discipline reste humain, à l’appréciation des cinq juges. Comme pour la lutte ou le judo, cela dépend du style que préfèrent les juges. Évidemment, on peut comprendre les réactions écœurées de Vastine et d’Oubaali. D’un coup, le rêve disparaît. C’est comme si le ciel leur tombait sur la tête après n’avoir pensé qu’aux JO pendant quatre ans. C’est très différent de perdre en se disant qu’on a trouvé plus fort que soi. Quand Nordine Oubaali dit que "la boxe amateur le dégoûte", cela veut dire que cette défaite injuste aux JO le laisse face à un choix : repartir pour quatre ans d’entraînement ou choisir l’aventure de la boxe professionnelle. Il a les bases, les qualités pour faire une bonne carrière pro. Et c’est vrai que chez les pros la sanction est plus rapide : tu n’attends pas un rendez-vous fixé quatre ans à l’avance. Et l’efficacité est récompensée : chaque combat permet de savoir où tu te situes, de progresser dans le classement – ou de reculer. Mais, en amateur ou en pro, ce sport reste dur et impitoyable ».
L'autre image que j'ai retenu est celle du Rémois Yohann Diniz qui au bout de l'épuisement a quand même achevé ses 50 km de marche pour apprendre quelques minutes après le franchissement de son calvaire qu'il était disqualifié pour un ravitaillement hors zone. Une décision d'autant plus inacceptable qu'elle avait été prise une heure avant la fin de son épreuve. Stupide et cruel...