Unai Romano avant et après son passage à la Guardia Civil
La torture reste un problème récurrent dans l’histoire du Pays Basque. Il n’y a pas d’arrestation sans que des dénonciations ne viennent confirmer que cette pratique n’est pas en recul dans les commissariats, bien au contraire. Et pas seulement dans l’Etat espagnol puisque de plus en plus de cas nous viennent des commissariats français.
Ces trente dernières années, plus de cinq mille citoyens basques ont dénoncé avoir été l’objet de tortures dont l'État français complice ne peut ignorer l'existence quoi que MAM pourrait bien évidémment démentir cette horrible réalité.
Pour preuve voici ce témoignage insoutenable de Xabier Beortegi, âmes sensibles s'abstenir.
Ekaitza n°1236 du 03/02/2011 Xabier a été arrêté pendant la rafle qui à eu lieu dans la nuit du 17 au 18 janvier 2011. Quelque jours après Il dénonce avoir subi des tortures. Voici sont témoignage. Tout a commencé à l'aube. Dans la nuit de lundi à mardi à 2 heures du matin. On sonne à ma porte. Je commence à entendre des cris Je me lève en pyjama et, en ouvrant la porte, je vois un tas de gardes civils braquant leurs armes sur moi. Je ne sais pas combien ils pouvaient être. Ils sont entrés alors dans ma maison en criant. Au début, le traitement était correct. Bon, ils m'ont attaché les mains avec des cordes. Ils ont fait ce qu'ils voulaient, la perquisition. Après cette perquisition, ils m'ont fait monter dans un Patrol pour m'emmener à l'audience provinciale. Là, j'ai vu pour la première fois un médecin assermenté inconnu de moi. Je lui ai dit que le traitement était correct. A partir de là, le cauchemar a commencé. C'est là que je me suis retrouvé entre les mains des groupes spéciaux. Ils disent eux-mêmes : "Nous sommes des groupes spéciaux. Ce que tu as subi jusqu'à présent, c'est de la rigolade. Maintenant ça va être le cauchemar. Tu es mort comme militant. Tu vas cracher tout ce que tu as fait." Les pressions psychologiques, les menaces d'arrestation de membres de ma famille n'ont pas arrêté. Ils m'ont fait subir surtout des humiliations sexuelles continuelles, des attouchements. Et tout cela avec des coups sur les testicules. Ils en avaient toujours après les testicules. Des coups sur les flancs, sur la tête, continuellement sur la tête, jusqu'à ce que tu perdes la notion de ce que tu es, que ce que tu vis est une humiliation totale. En théorie, je pense qu'il faut cinq heures pour arriver à Madrid. Là, c'était devenu sans fin, je ne sais pas, 24 heures, je ne sais combien d'heures. Régulièrement, ils me disaient : "Bon, tu es arrivé. Nous allons aller à la direction générale de la garde civile. Jusque-là, ce que tu as eu n'est que de la merde. Maintenant, tu vas avoir la baignoire." Je me souviens que quand je suis descendu de la voiture, je ne pouvais même pas me tenir debout . Je ne sais pas si c'était la tension ou les coups sur la tête. J'avais toujours des malaises, à cause de la pression, je ne sais pas. Finalement, ils ont dû me porter à plusieurs car je ne pouvais plus tenir debout. A partir de là, ils m'ont mis dans un trou, le cachot, totalement dans le noir, je ne voyais rien. Et de là, ce qu'ils font, c'est te sortir pour les interrogatoires et t'y remettre et t'en ressortir continuellement. Et avec les interrogatoires, comme ils l'avaient dit, le cauchemar continue. Des coups sans arrêt sur la tête et il faut te mettre accroupi et te relever, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ne plus savoir qui tu es, jusqu'à perdre encore l'équilibre et, quand tu ne peux déjà plus respirer, ils te mettent une poche en plastique serrée sur la tête (la bolsa) pour que tu apprennes ce que c'est l'asphyxie. Ça, c'est continuel. Ils me rentrent et me sortent du trou noir pour me faire ça. Ils me le font en me masquant les yeux pour que je ne voie personne. L'obscurité du cachot, puis le masque pour les interrogatoires, sans cesse. Tu perds la notion du temps, de l'heure qu'il est, du jour, et tu commences à sortir les noms qu'ils veulent que tu sortes. Il y a ton entourage, ta famille, tes amis, les gens qui travaillent avec toi, dans le quartier. Et ils t'obligent à donner un organigramme. A un moment, je dis : "Oui, je collabore avec vous, faites ce que vous voulez, ce qui vous plaît." S'ils veulent que j'aie tué Manolete, eh bien ! je dis : "J'ai tué Manolete." Après, ils passent aux questions et réponses écrites. Il faut les apprendre par cœur. Ça a duré toute une soirée Je sais que j'ai fait la déclaration le matin du 20 janvier parce que quelqu'un m'a dit que c'était le 20.Tout cela peut durer deux heures ou une heure ou une demi-heure, c'est pareil, tu perds la notion du temps. Jusqu'à ce que je signe la déclaration, ils m'ont donné aussi des coups de poing, disant que je me faisais moi-même des bleus. Et après, ils me remettent dans le trou noir. Leurs manières deviennent différentes. Ils t'ont humilié tant, moralement aussi. Tu n'es déjà plus rien. Ils te le disent : "Tu n'es rien. Tu dois déclarer au juge. Tu vas sortir pour de bon."Ils font un chantage "Sois tranquille, tu vas sortir." Plusieurs fois avant que cela n'arrive, j'ai pensé, j'ai cru que s'ils me le disaient, que si je déclarais ce qu'il fallait au juge, je pouvais sortir. Il faut se dire pourtant qu'ils ne disent pas la vérité, que ce sont des policiers. J'ai subi l'épreuve la plus limite de ma vie. J'espère que personne d'autre n'aura à subir ça. On ne peut pas continuer à supporter cette bande de psychopathes qui font ce qui leur passe par la tête. |
Avocats d'office
Fait peu habituel, les avocats d'office - aucun n'a eu droit à son avocat - de Xabier Beortegi et Iñigo Gonzalez ont dénoncé au juge que les jeunes avaient été maltraités. I. Gonzalez a également montré au juge le mot «aztnugal» qui figure dans sa déclaration et qui est une anagramme de «laguntza» qui veut dire «aide» en basque, expliquant que c'était une façon d'appeler à l'aide.
Sur les dix personnes passées devant le juge, deux ont été libérées sans charges, deux ont été libérées sous caution, et six autres incarcérées. En tout, sept des personnes arrêtées ont dénoncé des mauvais traitements.
Quant aux deux jeunes interpellés à Bayonne le même jour, ils comparaîtront aujourd'hui devant la cour d'appel de Pau qui va décider de valider ou non le mandat d'arrêt européen à leur encontre ainsi que celui visant Iraitz Gesalag.
Le témoignage de Xabier en espagnol
Source : Xarlo EtCHEzaharreta