Un chiffre particulièrement inquiétant, le chômage des moins de 25 ans dépasse encore les 40%
Le taux de chômage en Espagne est repassé au-dessus de la barre des 20% au quatrième trimestre 2010, à son plus haut niveau depuis la mi-1997, et semble peu enclin à s'améliorer dans un avenir proche.
Selon des données de l'Institut national des statistiques (INE) publiées vendredi, le taux de chômage s'est établi à 20,3%, un record au sein de l'Union européenne.
Les économistes estiment qu'il devrait stagner autour de ce niveau en 2011, du fait des faibles perspectives de croissance du pays, notamment au niveau de la consommation.
Les économistes anticipaient un taux de 19,9% sur la période octobre-décembre, en légère hausse par rapport aux 19,8% enregistrés au trimestre précédent où le taux de chômage avait reculé pour la première fois depuis trois ans. Il évoluait au-delà de la barre des 20% au premier semestre 2010.
"Le problème désormais est que le revenu disponible des ménages s'écroule et que les comptes des entreprises n'affichent pas une santé brillante non plus", juge David Owen, économiste chez Jefferies.
"Dans cet environnement, on peut s'attendre à ce que le taux de chômage reste élevé, voire qu'il augmente. Les problèmes de l'Espagne ne sont pas vraiment près de s'envoler."
Pas de créations d'emplois nettes avant le deuxième semestre 2011
Le nombre de demandeurs d'emploi a grimpé à 4,7 millions, avec des destructions de postes concentrées en majorité dans les secteurs de la construction et des services. Mais les données montrent également que cette hausse est davantage liée à un accroissement de la population active qu'à une progression des licenciements.
"En regardant les chiffres de plus près, le tableau n'est pas aussi inquiétant que l'ensemble ne pourrait le laisser supposer. La hausse du taux de chômage s'explique en grande partie par une stabilisation de la population active, plus que pas un pic dans le nombre de chômeurs", a estimé Tullia Bucco, d'Unicredit. Elle a ajouté que le fort rythme des suppressions d'emplois observé auparavant semblait avoir pris fin. Le gouvernement ne prévoit pas que l'économie soit en mesure de créer des emplois avant le deuxième semestre 2011. Les statistiques officielles font état d'un taux de chômage moyen à 19,3% en 2011.
Une poursuite de la dégradation pousserait à un abaissement des prévisions de croissance pour l'année, et donc à une hausse de l'estimation du déficit budgétaire, estime de son côté David Owen.
Madrid pourrait alors se trouver sous la pression des marchés et peiner à se financer, à l'instar de la Grèce et de l'Irlande l'an dernier.
Le Conseil des ministres espagnol devait approuver vendredi la réforme des retraites qui porte de 65 à 67 ans l'âge légal du départ à la retraite, une mesure censée permettre au pays de regagner la confiance des investisseurs.
En 2008 le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero niait pour raison électorale tout risque grave pour l'Espagne
Le nombre d'émigrés espagnols majeurs s'est accru de plus de 120.000 depuis 2008. Ce n'est pas l'exode dramatique des années 1950 et 1960, mais le nombre d'Espagnols majeurs (âgés d'au moins 18 ans) enregistrés dans les consulats à l'étranger était fin février 2010 de 1.325.348, soit 123.815 de plus qu'au début janvier 2008 relevait le 15 avril dernier le site d'information ElConfidencial.com en citant également l'INE.
L'accroissement de ces émigrés en 2009 (+74.814) doublait et même davantage celui de 2008. Les chiffres pour janvier et février 2010 (+12.602) consolident cette tendance. Elle semble en voie de revêtir un caractère structurel, d'autant que le nombre de nouveaux expatriés devrait être supérieur a celui enregistré, car tous les Espagnols qui s'installent à l'étranger ne s'inscrivent pas nécessairement dans les consulats.
ElConfidencial.com attribue cette hausse de l'émigration "à la crise économique, qui oblige de nombreux travailleurs à chercher un emploi hors du pays, mais aussi au degré croissant d'internationalisation des entreprises espagnoles".
En 2005, lorsqu'on parlait encore d'un "miracle économique espagnol", le gouvernement socialiste de M. Zapatero avait légalisé 600.000 immigrés sans-papiers, essentiellement Maghrébins et Latino-Américains. Aujourd'hui, Madrid leur propose des primes de départ.
Source : Reuters, Latinreporters.com