Le plus célèbre des podophiles
français coincé dans ses tentatives
de déstabilisation des plaignantes ?
Mis en examen depuis le 22 juin pour viols et agressions sexuelles sur deux de ses ex-collaboratrices parmi d'autres dont les plaintes ont été soigneusement écartées voire classées sans suite (pour quelles raisons particulières ?), l'ex-secrétaire d'État à la fonction publique avait été contraint de démissionner le 29 mai pour assurer au mieux sa défense et démontrer qu'il serait "victime d'un complot orchestré par le Front National". L'actuel député-maire UMP de Draveil (Essonne), proche de Jean-François Copé et bénéficiant d'un soutien indéfectible du parti au pouvoir, récemment entendu une nouvelle fois par le juge d'instruction d'Évry le 14 décembre, revient sur le devant de la scène judiciaire pour une affaire de tentative de déstabilisation d'une des victimes présumées, Éva Loubrieux.
Selon Le Parisien, Georges Tron serait intervenu personnellement auprès de Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, en lui adressant un courrier de bienveillance à l'égard de Willy Bernard, l'ancien dirigeant du club de foot d’Angers et patron de la société Next Generation France, condamné en première instance à deux ans de prison avec sursis pour abus de biens sociaux au début de l'année, et dont les problèmes avec le fisc ne sont pas tout à fait réglés. Dans cette lettre adressée au secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Georges Tron sollicite "l’intervention de ses services auprès de l’administration fiscale afin que celle-ci étudie avec mansuétude le dossier de Willy Bernard".
L'arroseur arrosé ?
Toujours selon les informations du Parisien, cette demande d'aide interviendrait en échange d'un enregistrement pouvant compromettre Éva Loubrieu, une des accusatrices du maire de Draveil. Cette dernière, qui a porté plainte contre lui, aurait été piégée lors d'une conversation avec Thomas N, un ami, qui l'aurait enregistré à son insu. Éva Loubrieu aurait reconnu avoir menti sur ses accusations. Avec l'aide de Noël D, un complice, les deux hommes se seraient rendu au bureau du maire avec l'enregistrement susceptible de démontrer que la jeune femme a menti.
L’enregistrement, transmis anonymement au tribunal d’Evry (Essonne), est reçu quelques heures avant la mise en examen de Georges Tron. « Cette bande n’apporte rien de probant », relève aujourd’hui une source proche de l’enquête. Les deux compères, pourtant, s’impatientent. En août, comme l’a assuré récemment un témoin aux enquêteurs, « ils sont revenus pour se plaindre en mairie de Draveil » que le député-maire n’avait pas respecté sa part du "deal". L’entourage de Georges Tron nie aujourd’hui toute négociation, se réfugiant derrière son système de défense "opération complot". Le 21 septembre, un courrier signé par l’élu de Draveil est pourtant bien envoyé à Pierre Lellouche. C’est un policier du service de sécurité de l’ancien secrétaire d’État qui apporte à Bercy le document, écrit sur une simple feuille blanche. « Nous avons effectivement reçu cette lettre, qui nous a paru pour le moins étrange. Bien évidemment, nous n’y avons pas donné suite » confirme-t-on dans l’entourage de Pierre Lellouche .
Entendus à plusieurs reprises par les enquêteurs jusqu’en septembre, Thomas N. et Noël D. tentent de minimiser leur rôle. Dans ce jeu de poker menteur, les vérifications s’annoncent longues. Des ordinateurs de la mairie de Draveil, saisis en perquisition la semaine dernière, pourront peut-être apporter des éléments de réponse. Willy Bernard, lui, dit avoir « payé toutes ses dettes, y compris les pénalités, jusqu’au dernier euro ». S’il reconnaît avoir mandaté "légalement" la société de Noël D. pour négocier en son nom, le chef d’entreprise assure que « comme ça n’a pas marché, ce dernier n’a rien touché ».
Des relations étrangement liées au "milieu" ?
Dans un entretien accordé au Parisien, Me Olivier Shnerb, avocat de Georges Tron a déclaré : « Cette histoire relève de la mythomanie complète. En tout et pour tout, j’ai dû voir Thomas N. trois fois, et chaque fois pour lui dire de s’adresser à la police. Quant à Noël D. peut-être est-il venu jusqu’à ma salle d’attente, mais je n’en ai pas le souvenir. Il parle de 40000 € à 150000 € versés à Thomas. C’est faux, surréaliste et imprécis ! Cet homme, Noël D., est dangereux. J’ai découvert sur Internet qu’il a été impliqué dans la séquestration d’un notaire et dans une sombre affaire de trafic d’or. Le même se prétendait agent de la DGSE ! ».
Chronologie de l'affaire
Rappelons-nous que cette affaire avait éclaté au grand jour le 25 mai dans les colonnes du Parisien ou deux jeunes femmes, toutes deux employée à la mairie de Draveil, s'étaient plaintes d'agressions sexuelles de la part de l'ancien secrétaire d'État à la fonction publique.
Le 27 mai, une des deux plaignantes témoigne sur BFM TV, à visage masqué, et dénonce « des attouchements sexuels, caresses, masturbation, pénétration digitale, et par la suite l’intervention de Mme Gruel (Brigitte Gruel, première adjointe de Georges Tron à la mairie de Draveil) qui lui faisait des fellations…».
Le 29 mai, Georges Tron est contraint de démissionner du gouvernement. Il y était entré le 22 mars 2010. Dans une lettre adressée à Nicolas Sarközy, Georges Tron assure qu'il fera de la preuve de son innocence une "affaire personnelle".
Le 5 juin, François-Joseph Roux, ancien directeur de cabinet du député-maire de Draveil confirme qu'une des plaignantes était venue s'entretenir avec lui dans le passé. Une troisième plaignante se joint aux deux premières, mais ne peut pas porter plainte car les faits sont prescrits, mais souhaite être entendue par les enquêteurs.
Le 21 juin, Georges Tron est placé en garde à vue, qui est prolongée de 24 heures. Il passe une nuit sous les verrous.
Le 22 juin, le député-maire est mis en examen pour "viols et agressions sexuelles en réunion" et "par personnes ayant autorité". Il est laissé en liberté mais sous contrôle judiciaire. Il risque 20 ans de prison. Tout comme Brigitte Gruel.
Le 30 juin, Georges Tron retrouve automatiquement son fauteuil de député (9e circonscription de l'Essonne), après avoir quitté son poste au gouvernement. Son immunité parlementaire est levée.
Le 6 août, le domicile de Marie Labbé (la jeune femme qui a souhaité être entendue sans déposer plainte car les faits étaient prescrits) est cambriolé. Elle affirme qu'un document important concernant l'affaire s'est volatilisé.
Le 14 septembre, le député-maire été entendu une nouvelle fois par le juge d'instruction d'Évry.
Le 7 octobre, Lucile Mignon, son ancienne assistante parlementaire porte plainte contre le député-maire de Draveil pour harcèlement moral. Dans les locaux de la PJ de Versailles, elle affirme avoir été placardisée. Pourtant, entendue en garde à vue pendant 29 heures lors des deux premières plaintes, Lucile Mignon reconnait avoir menti et couvert Georges Tron suite aux énormes pressions dont elle était victime.
Retrouvez le fil de l'affaire :
TRON, DSK, BERLUSCONI : "Les pieds nique les !"
TRON : bonne fête des Maires !
TRON : levée de son immunité parlementaire
Brigitte Gruel, la Pompadour de Draveil
Georges Tron - Brigitte Gruel : les DSK de l'UMP
Source : LeParisien