Article repris depuis le blog du camarade Jacques Tourtaux
Vu l’effervescence créée par ma convocation à une gendarmerie du voisinage, je suis obligé d’éclairer un peu cette histoire.
L’histoire a commencé en 1999 quand 1.900 élus (seulement les présents) des 7 provinces basques réparties entre les états espagnol et français, ont décidé de monter une structure transfrontalière regroupant tous les élus et municipalités, sur le seul critère d’être volontaire pour y adhérer.
Le financement fut prévu par les subventions des institutions ; donc strictement contrôlé par les instances officielles et le ministère des Finances.
L’association nommée UDALBILTZA fut déclarée à Madrid et Paris. L’objectif principal était la coopération et l’entraide technique, financière… entre les communes, les associations, etc… les domaines d’action étaient la langue basque, la culture, le sport, l’économie, etc… En fait, d’unir nos forces et de nous retrousser les manches sans plus avoir à tout attendre des états centralisateurs.
Il est évident que cette politique ne pouvait plaire longtemps à nos maîtres des deux capitales. L’esclave voulant se libérer de sa dépendance envers son maître, mais où va-t-on, n’est-ce pas ?
En avril 2003, un juge fameux pour ses chasses aux sorcières, Baltazar Garzon, décrète qu’Udalbiltza fait partie d’ETA. Mis hors-la-loi, son comité exécutif et les salariés ! sont arrêtés, et emprisonnés puisque « tout est ETA », selon la maxime de certains juges. Le seul à traîner encore en liberté, c’était moi puisque je n’étais pas au bureau ce jour-là, de l’autre côté de la frontière. Ils ne m’arrêteront qu’en septembre, alors que j’étais en délégation pour Cubako Etxea aux journées internationalistes, près de Bilbao.
Incarcéré à Madrid, je suis sorti en fin de préventive en même temps que les autres qui y étaient depuis 1 an, en avril 2004. Caution de 60.000 euros et contrôle bi-mensuel à Irun au commissariat.
Lorsque la date du procès fut fixée à mi-juillet 2010, tous les autres ont reçu leur « invitation » personnelle en main propre ; moi, non…
J’ai donc manqué à l’appel du premier jour du procès et un MAE, mandat d’arrêt européen fut lancé à mon encontre.
Le procès s’est achevé fin septembre. Le verdict est annoncé pour 20 janvier, dans quelques jours.
Mardi dernier, 4 janvier, deux casquettes se sont présentés chez moi pour me donner un numéro de téléphone que je devais appeler et demander l’Adj B. ; ils n’avaient rien d’autre à me dire. J’ai donc appelé ce monsieur qui m’a proposé un RV le plus rapidement possible pour signer un papier : « ça ne prendra que 5 min et Madrid a l’air pressé »…
Je lui ai dit que je devais consulter, il a admis volontiers ; lui, n’étant pas libre le mercredi et le jeudi, nous avons remis ma présentation au vendredi.
Evidemment, la machinerie des militants, des journalistes, etc… avec le précédent d’Aurore Martin en mémoire, s’est mise en route. Tout le monde a pensé, bien évidemment, au fameux MAE contre moi. Interviews diverses ce matin, rassemblement coordonné pour le lendemain à l’heure de mon entrée à la gendarmerie…
A 11.55, très précisément, coup de téléphone :
- « gendarmerie de LBC…. Monsieur Etchezaharreta ?... Inutile de vous présenter demain, la procédure est annulée »
- Pardon, c’est quoi cette plaisanterie ? qu’est-ce qui me prouve que vous êtes gendarme ?
- C’est moi qui vous ai porté le numéro de téléphone l’autre jour, gendarme G.. Vous n’avez qu’à appeler..
-Admettons… je peux au moins savoir de quoi il est question dans papier ?
- Je n’ai pas d’autre élément à vous communiquer…
Bon, j’appelle, je contrôle, tout est bien qui finit bien. Nous prévenons les amis, les journalistes qui ont fait leur boulot… Et nous cherchons à comprendre ce qui se passe ; pourquoi font-ils machine arrière ? la peur du scandale et des manifestations ? peu vraisemblable.
18.10 : un journaliste du Journal du pays basque www.lejpb.com m’appelle et me donne la clé du mystère :
La convocation qui m’était destinée au procès de mi-juillet 2010 à Madrid s’est égarée entre Paris et Pau ou Bayonne, je ne sais trop. Il avait passé l’après-midi à interroger les uns et les autres, gendarmes ou procureurs de Pau et de Bayonne…
Entre mardi et aujourd’hui, certainement alarmé par les appels des journalistes et des avocats, ils se sont rendus compte (qui ? le proc ? les flics ?) que la convocation avait dépassé « la date de péremption » et, du coup, ‘arrière toute’.
Du coup, logiquement (!!??), le MAE devrait être invalidé… un nouveau procès contre moi devrait être programmé à Madrid –qui dépendra certainement du verdict du 20 janvier, nouvelle convocation, je n’irai pas, nouveau MAE…
Voilà les faits ; chacun en tire les conclusions qu’il veut. En ce qui me concerne, si je peux les emm… itoufler autant qu’ils se foutent de nos gueules et qu’ils nous méprisent du haut de leur arrogance et de leur impunité, je ne m’en priverais pas…
PS : Ma caution a été réunie en quelques
heures, grâce aux dons de gens de tous horizons. Le comité de soutien local a déjà remboursé une partie à ceux qui en avaient, à notre avis, un besoin plus urgent, à condition qu’ils aient laissé leurs coordonnées car beaucoup l’ont fait « sans laisser de trace ». Et, dans notre milieu de patriotes basques, les riches on en connaît très, très très peu.
Les cautions, les frais du procès, l'hébergement sur Madrid pendant plusieurs semaines. les frais sont énormes. Si vous connaissez une Liliane Bettencourt ou un Bill Gates dans votre entourage, nous vous pouvons la présenter au Comité de Soutien aux prisonniers politiques basques du coin. autrefois, ces chancres achetaient bien des indulgences en arrosant les curés...
Xarlo Etchezaharreta
Sorondoa – Zelai
64240 Hasparren